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La Cenerentola, la Cendrillon de Rossini arrive au Capitole

by Julien
La cenerentola rossini barbe & doucet

À partir de ce soir et jusqu’au 7 avril, La Cenerentola de Rossini est à l’affiche à l’opéra national du Capitole dans une mise en scène de Barbe & Doucet. J’ai eu la chance d’assister à la répétition générale du spectacle mercredi après-midi et donc de le découvrir en avant-première.

La Cenerentola : une Cendrillon peut en cacher une autre

La semaine dernière, la pièce Cendrillon de Joël Pommerat a triomphé au Théâtre de la Cité. Hasard du calendrier, jusqu’à la fin de la semaine prochaine c’est une autre Cendrillon qui est à l’affiche du Capitole, celle de Gioachino Rossini (La Cenerentola, ossia la Bontà in trionfo, en bon italien).

La cenerentola rossini barbe & doucet
La Cenerentola de Rossini mis en scène par Barbe & Doucet

Pour mettre en scène ce dramma giocoso en deux actes, la mission a été confiée à André Barbe & Renaud Doucet, duo bien connu des Toulousains puisqu’ils avaient signé au cours de la saison passée la mise en scène de La Bohème de Puccini.

L’idée de Barbe & Doucet est simple : il s’est agi de transposer cette comédie créée en 1817 dans le Broadway des années 1930. En toute logique, l’opéra prend des airs de music-hall et de spectacle burlesque.

Une distribution aux petits oignons

La version que j’ai vue mercredi n’était qu’une répétition générale, il va donc de soi que les artistes n’ont pas démontré le maximum de leurs capacités vocales, en particulier Adèle Charvet qui joue le rôle titre et s’est préservée pour la première (on l’avait adorée dans Le Barbier de Séville il y a deux ans). J’ai été particulièrement séduit par le ténor Levy Sekgapane dans le rôle du prince et le baryton Florian Sempey dans celui de Dandini. Vincenzo Taormina se régale en interprétant Don Magnifico, le beau-père de Cendrillon, fat et ridicule.

La cenerentola Rossini © A. Zeltina

J’ai été très agréablement surpris de retrouver dans la distribution la soprano Céline Laborie, elle que j’avais tant aimée dans le spectacle des Cata Divas et qui était apparue dans Le Viol de Lucrèce en 2023.

Rossini, version burlesque

Rossini, c’est un peu comme une bonne chantilly : léger, sucré et festif. La Cenerentola n’a donc rien d’un opéra sérieux. L’intrigue, par ailleurs, rappelle davantage Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux que le conte de Charles Perrault. Ici, tout est inversé : la marâtre est un beau-père, la bonne fée un mystérieux protecteur, et c’est le prince qui passe pour un valet et doit se faire reconnaître… Les différents lieux de l’histoire ont été modifiés pour les besoins de la mise en scène. La demeure de Don Magnifico devient donc un Button Club miteux, tandis que le château du prince est transformé en King’s Follies, un grand cabaret illuminé de mille feux.

Cendrillon Rossini
Cendrillon de Rossini, revisité par Barbe & Doucet

Petit problème de mise en scène néanmoins : l’espace a été scindé en trois tiers. La zone située à jardin n’est quasiment pas utilisée pendant le spectacle. La partie centrale, quant à elle, l’est modérément. En revanche, le tiers situé à cour est celui où se concentrent les scènes les plus emblématiques de l’opéra. Or, vous n’ignorez peut-être pas que dans un théâtre à l’italienne (où la salle a une forme de fer à cheval) lorsqu’une partie de l’action se déroule sur un côté, la moitié de la salle ne voit pas ce qui s’y passe. Vous saisissez le hic ? J’ai été un peu étonné par ce choix scénographique, d’autant que le travail des décors est particulièrement riche et que la transposition dans les années 30 fonctionne.

À la direction de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, le chef Michele Spotti se régale et s’amuse comme un enfant. Le tonnerre d’applaudissements qui lui a été dédié lors du salut n’a pas été volé !


Si vous aimez Rossini et les opéras tout en légèreté, ne manquez pas d’aller découvrir cette Cenerentola. Alors que Joël Pommerat a fait du conte de Cendrillon un chef-d’œuvre d’ombres et de minimalisme, l’opéra joue la carte du grand spectacle coloré, lumineux et joyeux. Deux Cendrillon aux antipodes l’une de l’autre, en quelques sortes.

Cendrillon est à l’affiche de l’Opéra National du Capitole dès ce soir à 20h et y restera jusqu’au 7 avril.

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culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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