Il n’y a pas longtemps, j’ai relu Le joueur d’échecs (je vous en parlais ici), une nouvelle de Stefan Zweig qui m’a tout de suite donné envie de lire d’autres œuvres de cet auteur autrichien. On m’a rapidement conseillé La confusion des sentiments, un autre de ses chefs-d’œuvre qui se lit également d’un trait (cette nouvelle ou roman bref ne fait que 180 pages).
En résumé
Roland, le personnage principal et narrateur de ce récit, est un professeur qui, à l’occasion de ses 60 ans, reçoit un livre d’hommage qui regroupe ses propres articles et évoque les grandes figures auxquelles il a consacré sa vie et son travail. Mais parmi ces grands personnages, un nom est totalement absent, le nom d’un homme dont il n’a jamais parlé et qui est pourtant celui qui a le plus influencé son existence… un homme qu’il a connu quand il n’était lui-même qu’un étudiant de 19 ans mais qui a complètement bouleversé son existence.
La confusion des sentiments va être le récit de cette rencontre entre le jeune Roland et son professeur de philologie passionné de théâtre élisabéthain, un homme au comportement double et trouble, soufflant sans cesse le chaud et le froid mais qu’il n’a jamais pu oublier.
Mon avis
J’ai adoré retrouver le style de Zweig qui propose là encore un récit à la première personne, ne nous donnant à voir de la réalité que ce que le narrateur en a perçu ou compris. Parfois, notre intuition de lecteur précède un peu la compréhension que le personnage a lui même de ce qui lui arrive, mais Zweig parvient toujours à brouiller suffisamment les pistes pour nous surprendre malgré tout dans la manière dont les choses sont révélées. Il faut se rappeler que ce récit est paru en 1927 et que des choses qui paraissent ordinaires aujourd’hui avaient quelque chose de scandaleux cent ans plus tôt.
Mais ce qui compte dans cette histoire, c’est surtout la manière dont le trouble s’installe et comment les sentiments sont trahis par des détails apparemment insignifiants. Bien que l’histoire soit très courte et contienne peu d’événements, elle est très riche en détails (notamment psychologiques).
Si j’ai un peu moins aimé La confusion des sentiments que Le Joueur d’échecs, cela reste néanmoins une lecture très agréable et percutante par la subtilité de sa construction.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.