Elisa et Zelda sont femmes de ménage dans un laboratoire de recherche qui mène des expériences ultra-secrètes sur une créature aquatique extraordinaire ramenée d’Amazonie où elle était vénérée comme un dieu. En passant chaque jour près du bassin où la créature est maintenue en captivité, Elisa finit par sympathiser et les deux êtres par s’apprivoiser. Face au danger des expériences, Elisa décide de mettre en œuvre l’évasion de la créature afin de la sauver, avec l’aide de sa collègue Zelda et de son vieux voisin Giles.
C’est avec beaucoup de retard que j’ai découvert cette comédie sentimentale et fantastique couronnée de 4 Oscars. Guillermo del Toro s’inscrit dans la mouvance actuelle qui s’inspire avec nostalgie de l’âge d’or hollywoodien comme le firent les frères Coen dans l’excellent Ave, César ! ou plus récemment Damien Chazelle dans La la Land. Dans La forme de l’eau, les références colonisent chaque plan. Comment ne pas penser à L’étrange créature du lac noir devant ce monstre aquatique ? Au cinéma muet ? A l’esthétique vintage des Jeunet et Caro ? On a le sentiment que del Toro a mis dans ce film tout ce qu’il aime, a travaillé soigneusement chaque plan, a choisi scrupuleusement chaque musique (quel étonnement d’entendre soudain La Javanaise en français). Une sorte de film-somme qui récapitule ce que le cinéma de genre à donné de meilleur au cours du siècle dernier.
Outre une aventure captivante, ce film est aussi un pamphlet pour le droit à la différence. Ses personnages sont des exclus, des incompris, dans une Amérique intolérante et violente en pleine guerre froide : handicap (Elisa), sexualité (Giles), couleur de peau (Zelda)… ils font tous les frais de cette ségrégation mais tentent de résister, d’être solidaires. Bon, le message général est un peu béni-oui-oui, mais franchement ça fait du bien de voir un film comme celui-là qui n’a pas peur du ridicule ni des clichés.
Si comme moi vous avez raté La forme de l’eau à sa sortie, il est encore temps de rattraper votre retard car il est toujours à l’affiche, et c’est clairement le genre de film qui vaut le coup d’être vu sur grand écran, car c’est un hommage réussi au cinéma et à sa magie !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.