Lorsque j’ai plongé dans l’univers de La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, j’ai immédiatement été captivé par le style unique de l’auteur. Sa plume poétique et incisive m’a emporté dans un tourbillon d’images et des sensations d’une puissance remarquable. Damasio est indéniablement un maître des mots et son talent pour dépeindre des scènes viscérales est indéniable. Je vous en avais déjà fait part à ma lecture des Furtifs, l’un de ses romans plus récents. Oui, mais…
La Horde du Contrevent : plus qu’un exercice de style
Malgré mon admiration pour le style d’Alain Damasio, je dois avouer que l’histoire de La Horde du Contrevent n’a pas réussi à me captiver autant que son autre roman, Les Furtifs. Alors que ce dernier m’avait immédiatement happé avec son intrigue captivante, ses personnages profonds et ses partis pris politiques forts, La Horde du Contrevent m’a quelque peu laissé sur ma faim, avec une quête dont je n’étais pas forcément impatient de connaître l’issue.
L’histoire de la Horde est sans aucun doute ambitieuse : 23 individus aux compétences variées se lancent dans une quête périlleuse pour atteindre l’Extrême-Amont, une terre mythique où naissent les neuf formes du vent. Ce groupe d’élite est formé dès l’enfance à faire face aux différentes formes de vent, plus dangereuses les unes que les autres. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître, géomaître, feuleuse, sourcière, troubadour, prince ou scribe et ils prennent tour à tour la parole pour raconter leur quête et l’histoire de leur horde.
Un roman polyphonique
Représentés dans le texte par des pictogrammes (¿’ > ^ ‘, )- x (.) <> ◇ ~ ]]), les personnages s’expriment chacun dans son propre style, développent leur propre point de vue et leur philosophie sur cette quête mystérieuse. Le concept même du roman, avec ses différentes voix narratrices et sa construction circulaire, est audacieux et témoigne du talent narratif de Damasio. Les pages numérotées à rebours de la page 700 à la page 0 donnent aussi cette sensation qu’il ne peut jamais y avoir de retour en arrière.
Cependant, j’ai trouvé paradoxalement que l’histoire peinait parfois à avancer. Les descriptions minutieuses des épreuves auxquelles la Horde est confrontée, bien que magnifiquement écrites, semblaient parfois se répéter, comme la variation d’un seul motif. J’aurais aimé un peu plus de dynamisme et de tensions entre les personnages pour maintenir mon intérêt tout au long du récit.
En comparaison, Les Furtifs m’avait enthousiasmé par sa vision futuriste saisissante et son exploration des thèmes de la surveillance et de la liberté. L’intrigue était palpitante et les personnages étaient profondément attachants. J’avais été emporté par l’énergie et la vivacité de l’histoire, ainsi que par la réflexion sociale et politique qu’elle suscitait.
Malgré mes réserves concernant l’histoire de La Horde du Contrevent, je ne peux que saluer le style littéraire exceptionnel d’Alain Damasio. Son utilisation inventive de la langue et son talent pour créer des mondes vivants sont véritablement impressionnants. Il est un auteur que je continuerai à suivre avec grand intérêt, en espérant retrouver l’alchimie entre style et histoire que j’ai tant appréciée dans Les Furtifs. Ma prochaine lecture sera certainement La Zone du Dehors, qui me fait de l’œil depuis déjà pas mal de temps.
Et vous, avez-vous déjà lu les romans d’Alain Damasio ? Que pensez-vous des formes littéraires qu’il a inventées ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.