Sur les bons conseils des lecteurs de Culture déconfiture, je me suis lancé cette semaine dans La Servante écarlate (pas le roman, mais la série Hulu). Une excellente recommandation, car la série et ses personnages m’ont totalement captivé.
En résumé : Dans un avenir proche, l’humanité court à sa perte. Frappée de stérilité massive, son taux de natalité est quasi nul. Seuls quelques couples semblent épargnés par ce fléau, qui semble donc signer la fin de l’espèce humaine. Pour lutter contre cette catastrophe, des résolutions drastiques sont prises : les rares femmes encore fertiles sont privées de tous leurs droits (jusqu’à leur nom) et réduites à l’état de procréatrices au service de la société. On les appelle « les servantes écarlates », soumises aux familles les plus puissantes auxquelles elles doivent donner une descendance.
C’est dans ces circonstances que June a été capturée et séparée de sa famille (son mari Luke et sa fille Hannah) afin de servir le couple Waterford. Du nom de son maître, elle est désormais nommée Defred (ou Offred dans la VO, c’est-à-dire « servante de Fred » ou « of Fred »). Ce nouveau statut ne lui laisse plus aucune marge de liberté : ses gestes et ses paroles mêmes sont ritualisés, la réduisant à un rôle de génitrice soumise, pour le bien de la nation.
Mon avis : Moins qu’une série d’anticipation ou une dystopie, La servante écarlate est surtout le reflet dans un miroir grossissant du regard que la société pose sur les femmes. Combien de femmes, passée la trentaine, se voient harcelées sur les questions de maternité si elles n’ont pas encore procréé ? Voulu ou subi, le fait de ne pas avoir d’enfant devient parfois problématique pour l’entourage et devient un poids pour l’individu, auquel on fait comprendre que notre société n’est pas faite pour lui, qu’il est inutile, ou qu’il n’a pas réalisé le destin pour lequel la nature l’a conçu. La servante écarlate, par son récit radical, opte pour un point de vue exactement opposé : si tu es en mesure de te reproduire, alors tu dois le faire. Cela doit être le sens de ton existence.
La série donne donc à voir une société qui est à la fois pacifiée et aseptisée, mais en même temps ultra-violente et liberticide. Un véritable choc pour le spectateur, surtout à une époque où les droits des femmes ne cessent de reculer, y compris dans les sociétés dites « développées ».
Après la saison 1 de The Leftovers, La servante écarlate est encore une série qui vient de marquer notre année 2017 ! Et vous, avez-vous déjà regardé ou lu La servante écarlate ? Que pensez-vous de ce sujet brûlant ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.