Depuis le mois de janvier, je ne vous avais plus reparlé de Lovecraft. J’ai achevé ce mois-ci la lecture d’une autre de ses nouvelles : Dans l’abîme du temps, que des lecteurs de Culture déconfiture m’avaient recommandée. J’y retrouvé tout ce que j’avais aimé dans les nouvelles précédentes (Les montagnes hallucinées et autre Mythe de Cthulhu…).
Le premier chapitre de la nouvelle – qui en compte huit – est particulièrement prenant. On retrouve tout de suite les thèmes et les motifs récurrents de l’univers lovecraftien : un sentiment d’étrangeté du monde, des références au mystérieux Necronomicon et l’université de Miskatonic où notre héros est professeur d’économie. L’action commence au printemps de l’année 1908.
Lors d’un cours avec ses étudiants, le professeur Peaslee est pris d’un malaise suivi de seize heures d’inconscience. Lorsqu’il se réveille, il semble étranger à lui-même, à sa vie et à ses proches, comme frappé d’amnésie. Néanmoins, s’il ignore tout de lui-même, il est comme possédé par une autre conscience qui possède des connaissances approfondies sur le passé et le futur de l’humanité. Les six années qui suivent, le professeur les passe à en apprendre le plus possible sur sa propre société, les langues, les cultures et les coutumes du monde entier… et à construire une étrange machine dans le secret de son bureau.
En 1913, frappé d’un nouveau malaise, Peaslee perd à nouveau connaissance. Lorsqu’il se réveille, il a retrouvé toutes ses facultés et ses souvenirs antérieurs à l’année 1908, jusqu’au fameux cours d’économie où il s’était évanoui. Par contre, il ne sait absolument pas ce qui s’est produit pendant les six années qui suivirent et ignore tout de cet « Autre » qui a occupé son corps pendant cette période !
La suite du récit est construite comme une enquête, ou plutôt une quête de l’identité. Harcelé chaque nuit par des rêves bizarres et angoissants (qui semblent relever à la fois de l’imagination et du souvenir), Peaslee va se livrer à des recherches approfondies pour comprendre ce qui a pu lui arriver pendant ces six années de « possession ». Où était donc passée sa propre âme lorsque son corps était habité par celle de l’« Autre » ? Ses propres rêves (ou cauchemars) vont peu à peu lui donner les clés d’un monde lointain dans l’espace et dans le temps et le conduire à mener des fouilles archéologiques dans de mystérieuses ruines antiques du désert australien, levant le voile sur des vérités vertigineuses et effrayantes…
Une fois encore, Lovecraft m’a totalement embarqué dans son univers par la force de son style, et son récit plein de mystère m’a captivé ! Si vous avez aimé des œuvres du maître ou que vous êtes amateur des nouvelles de Poe ou Maupassant (dans sa veine fantastique), vous serez probablement comblés par la lecture de Dans l’abîme du temps… mais méfiez-vous de ce que vous y découvrirez, vous pourriez bien y perdre votre âme !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.