Après la déception que fut Frantz l’été dernier, Ozon revient sur les écrans avec un thriller psychologique et érotique des plus inquiétants, dans la veine de Dans la maison. Au casting, la sublime Marine Vacth qu’Ozon révéla au public dans le très réussi Jeune et jolie, et Jérémie Rénier dédoublé pour l’occasion par la magie des effets spéciaux.
En résumé : Chloé, ancienne mannequin de vingt-cinq ans, est fréquemment dérangée par une douleur au ventre, ce qui la conduit d’abord à consulter une gynécologue, puis un psychanalyste, Paul Meyer. Rapidement, les sentiments s’en mêlent et une liaison amoureuse débute entre Chloé et Paul. Avec le bonheur conjugal s’envolent les douleurs au ventre. Le jeune couple s’installe ensuite dans un nouvel appartement et Chloé trouve un emploi à mi-temps de gardienne de salle au Palais de Tokyo. Un jour, en revenant du musée, Chloé semble apercevoir Paul dans un quartier où il n’est pas sensé se trouver. Une rapide enquête l’amène à découvrir qu’il ne s’agissait en effet pas de Paul, mais du psychanalyste Louis Delord, son frère jumeau, dont il n’a jamais évoqué l’existence…
Mon avis : Ce film est une réussite. Bien que l’on comprenne un peu trop rapidement de quoi il retourne, on se laisse néanmoins emporter par l’ambiance et l’atmosphère étrange de L’Amant double. Les fréquentes scènes d’endormissement et les jeux de miroirs sèment souvent le doute sur la réalité de ce que l’on voit à l’écran, jusqu’à basculer dans le surréalisme dans certaines séquences (avec la psychanalyse en thème de fond, c’était presque obligatoire). Tout ce qui gravite autour de Chloé est peu à peu contaminé par ses doutes et prend des allures suspectes, comme sa mystérieuse et trop aimable voisine qui n’est pas sans rappeler le même personnage dans Rosemary’s baby, ou les habitants de l’immeuble dans Le locataire, du même Polanski. Personnellement, j’adore ces histoires où la malveillance des personnages n’est jamais complètement établie et où l’on s’interroge sur la paranoïa du héros.
L’autre point fort du film, c’est bien sûr sa qualité sur le plan visuel. Lumières, cadrages, jeux de miroirs… la mise en scène est millimétrée pour servir le propos du scénario, et la beauté des protagonistes est sublimée quitte à en faire pâtir la vraisemblance de certaines scènes.
Bref, je vous recommande vivement d’aller voir L’amant double, notamment si vous avez besoin comme moi de vous réconcilier avec le cinéma de François Ozon. Puis revenez nous dire si, à votre tour, vous avez été piégés par cette mise en scène en spirale.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.