J’ai récemment profité de mon temps libre pour partir à la découverte de deux abbayes du sud de la France aux doctrines totalement opposées. L’une se trouve à Moissac (Tarn-et-Garonne) et est une parfaite illustration de l’Ordre clunisien, tandis que l’autre se situe au Thoronet (Var) et est un modèle de l’ordre cistercien.
Ces deux branches de l’Eglise bénédictine mettent en œuvre de manière assez différente la Règle de Saint Benoît, qui régit la vie monastique au Moyen-âge. Au faste et à la richesse ornementale des clunisiens qui visent à magnifier la puissance de Dieu, répondent l’austérité et la rigueur cisterciennes qui ramènent les moines dans le chemin de l’humilité et de la pauvreté.
J’ai donc commencé mon exploration en partant à la découverte de l’abbaye Saint-Pierre, joyau de la ville de Moissac. Ceux qui suivent les articles de Culture déconfiture connaissent déjà mon goût prononcé pour l’art roman et en particulier les chapiteaux (cf. l’exposition de chapiteaux romans au Musée des Augustins en 2015). Je vous laisse donc imaginer mon émerveillement lorsque j’ai visité le cloître de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac…
Située près de la rivière du Tarn et de la Garonne, l’existence de cette abbaye est attestée dès le début du IXe siècle. Mais c’est au milieu du XIe siècle que ce site va connaître une véritable expansion, quand le comte de Toulouse et les évêques de Cahors et Toulouse placent Moissac sous la tutelle de Cluny. Son prestige, son rayonnement spirituel et intellectuel s’accroissent et le nombre des possessions augmente de façon spectaculaire. De grands chantiers sont engagés : une nouvelle église abbatiale est consacrée le 6 novembre 1063, un nouveau cloître est achevé en 1100 et de nouveaux bâtiments conventuels sont édifiés.
Le cloître de Moissac est un pur chef-d’œuvre d’art roman aujourd’hui de renommée mondiale. Aux angles des galeries, les piliers sont recouverts de plaques de marbre sculptées représentant les apôtres. Cent-seize colonnes portent soixante-seize chapiteaux, tous différents, représentant des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament (Genèse, sacrifice d’Abraham, Daniel dans la fosse aux lions, Noces de Cana, etc.) ou plus sobrement des motifs végétaux et monstrueux. Magnifiques et émouvants, ces chapiteaux racontent et commentent les épisodes bibliques et la vie des Saints, comme une bande-dessinée en trois dimensions.
Si vous êtes trop éloignés pour pouvoir vous rendre à Moissac, sachez qu’un incroyable projet de modélisation 3D existe sur le net ! En effet, vous pouvez découvrir sur www.clunypedia.com les chefs-d’œuvre de l’art clunisien, et en particulier les chapiteaux de l’abbaye de Moissac en suivant ce lien.
(A suivre…)
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Existe t-il quelquechose de plus beau que les chapiteaux romans ? <3