Toute la salle retenait son souffle dans la Halle aux Grains aux premières mesures de ce concert exceptionnel ! L’Ensemble Pygmalion nous a invité à le suivre dans Le Dernier voyage du compagnon Mozart. Le chœur et les musiciens se tenaient parfaitement immobiles comme le public, tandis que la voix d’une soliste s’élevait a capella, interprétant le graduel Christus factus est. En l’espace d’une seconde, la Halle aux Grains s’est métamorphosée en chapelle et j’ai instantanément retrouvé toute la force spirituelle que m’avait inspirée l’Abbaye du Thoronet. J’ai su dès la troisième note que j’étais en train d’entendre l’un des plus magnifiques moments musicaux de ma vie.
La voix des chœurs s’est bientôt jointe à celle de la soliste, alors que les musiciens restaient muets, dans une écoute religieuse. Puis, dans une troisième phase, les flûtes, violons, orgue et autres instruments se sont joints au concert. Quel crescendo magnifique ! Quel programme intelligent ! Quelle belle mise en scène !
Raphaël Pichon qui dirige l’Ensemble Pygmalion nous a fait découvrir les œuvres maçonniques de Mozart. Personnellement, je ne connaissais pas ces morceaux et c’était surtout pour entendre le Requiem que j’avais acheté mon billet. Mais ce sont presque ces premiers chants sublimes qui m’ont le plus bouleversé !
Après une pause très brève (pas d’entracte), place au Requiem, l’une des œuvres les plus mystiques et des plus mystérieuses de Mozart. L’Ensemble Pygmalion a été particulièrement ambitieux dans ce programme et a relevé haut la main le défi. Raphaël Pichon, à seulement 34 ans, est déjà un grand nom de la direction d’orchestre. Il est généreux, expressif, et son énergie contamine ses musiciens et ses chœurs. Et c’est un clin d’œil très amusant que d’entendre l’œuvre de Mozart sous la direction d’un chef qui a quasiment le même âge que le compositeur quand il écrivit ces morceaux.
A l’issue du concert, un tonnerre d’applaudissements s’est abattu sur l’Ensemble Pygmalion. J’ai rarement entendu des applaudissements aussi nourris et aussi longs à la Halle aux Grains, alors que je deviens un habitué des concerts des Grands interprètes. Il faut dire que le programme a attiré un public un peu moins âgé qu’à l’accoutumée. Un jeune chef, un jeune compositeur, un jeune public : tout se tient ! L’Ensemble Pygmalion fait désormais partie des orchestres que je vais suivre, car j’ai été totalement conquis par les choix artistiques et la qualité de l’interprétation, et j’ai été ravi de faire partie de ce Dernier voyage du compagnon Mozart !
Et vous, avez-vous déjà entendu le Requiem dans des conditions exceptionnelles ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.