La série qui cartonne en ce moment, c’est Le Jeu de la dame sur Netflix, qui retrace le parcours d’une virtuose des échecs (dont Charlotte nous a parlé dans un article précédent). Pour ma part, cette série m’a tout de suite donné envie de me replonger dans un court récit de Stefan Zweig qui m’avait beaucoup marqué il y a vingt ans : Le Joueur d’échecs.
En résumé
Sur un paquebot qui relie New-York à Buenos Aires, le narrateur remarque la présence de Mirko Czentovic, le champion du monde en titre des échecs, qui s’avère être aussi un crétin patenté. Totalement monomaniaque, ce prodige est un génie dans son art, mais parfaitement inculte dans tout le reste… Lorsqu’au cours du voyage des parties d’échec sont organisées à bord du navire, personne évidemment ne parvient à vaincre le grand maître. Personne ? Pas tout à fait. Un passager totalement inconnu et mystérieux décide un jour de se mêler à une partie et d’obliger Czentovic à accepter un nul. Mais qui est ce mystérieux bonhomme, capable de se mesurer à un champion du monde, et qui de surcroît prétend qu’il n’a jamais touché à un échiquier depuis plus de vingt ans ?
Mon avis
Ce récit de Stefan Zweig est tout à fait passionnant. Je l’avais dévoré quand j’avais 17 ans et j’ai retrouvé le même plaisir à le relire aujourd’hui. En un peu moins de 100 pages, cette histoire nous fait découvrir les méandres d’un cerveau poussé dans ses retranchements et un personnage pour qui les échecs sont devenus la seule échappatoire pour survivre dans des conditions inhumaines.
Cette nouvelle est le dernier texte écrit par Stefan Zweig en 1941, peu de temps avant son suicide au début de l’année 1942. On retrouve dans ce texte la terreur du régime nazi et les expériences de déshumanisations menées sur leurs prisonniers, alors même que l’horreur de la guerre se déploie en Europe et dans le monde. Les joueurs d’échecs de ce récit sont aussi fascinants l’un que l’autre tant la profondeur de leur esprit semble vertigineuse : l’un par sa crétinerie, l’autre par sa schizophrénie. Lorsque ces deux esprits s’affrontent, c’est un combat de titans auquel on assiste, et il fallait au moins le talent de Zweig pour donner ce souffle épique au récit de simples parties d’échecs.
Bref, ce récit est passionnant et je vous recommande vivement de le découvrir si vous ne le connaissiez pas. Et dites-nous, les histoires de jeu d’échecs, vous en pensez quoi ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
J’avais adoré quand je l’ai lu ado, un classique !