Si vous êtes comme moi un aficionado de Corto Maltese, vous vous souvenez peut-être de la première aventure du marin solitaire : La Ballade de la mer salée, créée en 1967 par Hugo Pratt. Dans ce tout premier épisode, le pirate Raspoutine repêchait dans le Pacifique deux jeunes naufragés – Pandora et Cain – qui naviguaient auparavant sur le yacht “La jeune fille d’Amsterdam”. Puis, ils rencontraient ensuite, ligoté sur un radeau, Corto Maltese dérivant sur l’océan suite à une mutinerie de son équipage. La première image de la BD était accompagnée de cette phrase énigmatique : “Aujourd’hui, c’est Tarowean, c’est le jour des surprises, jour de tous les saints, le 1er novembre 1913.”
Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero ont voulu lever le voile sur ce mystérieux jour de Tarowean et nous révéler plus de cinquante ans après La Ballade de la mer salée ce qui était arrivé à Corto Maltese en octobre 1913, juste avant cette toute première page du tout premier numéro. La couverture est d’ailleurs suffisamment explicite, puisqu’on y voit Corto sur son radeau, exactement dans la même position que sur le tout premier dessin sur lequel il figure dans La Ballade. Le Jour de Tarowean est donc un préquel qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la saga, tant au niveau du scénario que du graphisme. On y retrouve le moine fou, les incorrigibles Corto et Raspoutine, mais aussi la mystérieuse “La jeune fille d’Amsterdam” à propos de qui les lecteurs vont en apprendre davantage…
Depuis l’album Sous le soleil de minuit (en 2015), c’est un pari risqué que Canales et Pellejero ont relevé. En effet, dès son apparition en 1967 dans La Ballade de la mer salée, Corto Maltese est devenu un personnage culte de la bande-dessinée, et pour certains même un mythe de la littérature européenne (aux côtés des héros de London, Stevenson ou Conrad) ! Son aura est si forte que l’album Mû aurait du être le dernier, suite à la mort de son créateur Hugo Pratt. En 2001, Corto était même devenu égérie pour Dior et son parfum Eau sauvage. Ce ne sont ni Tintin ni Astérix qui peuvent en dire autant !
Equatoria : le retour de Corto Maltese – Culture déconfiture
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Si vous aimiez les aventures de Corto Maltese sous la plume de Pratt, vous devriez apprécier les nouveaux albums qui respectent parfaitement l’esprit du créateur.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.