Dans Le Journal de mon père, nous suivons le retour douloureux d’un personnage dans la ville de son enfance. Après de longues années d’absence, Yoichi Yamashita retourne dans sa ville natale, un lieu chargé de souvenirs et d’émotions. Ce retour est provoqué par un événement marquant : la mort de son père. C’est avec une certaine appréhension que Yoichi revient dans cette ville qui a tant changé et qui, pourtant, lui rappelle des souvenirs qu’il avait enfouis au plus profond de lui. La mort de son père devient alors le catalyseur d’un retour en arrière, un voyage dans les méandres de son enfance.
Le Journal de mon père : une veillée funèbre chargée de souvenirs
Lors de la veillée funèbre, autour de quelques verres de saké, les souvenirs refont surface avec une intensité inattendue. Yoichi se remémore des moments clés de son passé : le divorce de ses parents, qui a bouleversé son univers d’enfant, et l’incendie dévastateur qui a ravagé sa ville en 1952, laissant une marque indélébile dans sa mémoire. Ce retour aux sources devient une occasion de revisiter le fossé qu’il a lui-même creusé, au fil des ans, entre lui et sa famille. Ce moment de recueillement devient une plongée dans une enfance marquée par des événements qui l’ont façonné, pour le meilleur et pour le pire.
À travers les récits de l’oncle Daisuke, un personnage central de cette histoire, c’est une vie simple et authentique qui se dévoile. Les anecdotes partagées avec tendresse et humour montrent un quotidien empreint de la poésie ordinaire, celle des petits instants qui, mis bout à bout, forment la trame de nos vies. Daisuke, en racontant ces souvenirs, permet à Yoichi de se reconnecter avec des moments qu’il avait peut-être oubliés, ou qu’il avait choisi de ne plus évoquer. Ces chapitres intimes sont comme des fenêtres ouvertes sur un passé où se mêlent douceur et douleur.
Une œuvre empreinte de délicatesse et de réconciliation
Le Journal de mon père, écrit et illustré par Jirô Taniguchi, est bien plus qu’un simple récit d’enfance. C’est une exploration sensible des relations familiales, de la manière dont le temps peut éloigner et, parfois, rapprocher ceux qui s’aiment. Inspiré par sa propre enfance, Taniguchi infuse dans cette bande dessinée une émotion palpable, une délicatesse qui touche au cœur. À travers ce récit, c’est aussi une réconciliation qui se joue, celle d’un homme avec son passé, avec les choix qu’il a faits, et avec les souvenirs de ceux qui l’ont aimé.
Le Journal de mon père résonne avec quiconque a déjà ressenti le poids du passé ou cherché à se réconcilier avec ses propres souvenirs. C’est un récit qui parle à l’enfant en chacun de nous, à celui qui a grandi avec ses joies et ses peines, et qui, parfois, cherche encore à comprendre son propre chemin. Cette œuvre de Jirô Taniguchi est un véritable bijou de délicatesse, une invitation à regarder en arrière non pas avec regret, mais avec tendresse.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.