Dans deux heures, le roi Bérenger sera mort. Avec lui, c’est tout son royaume qui entre en déliquescence, qui se contracte, se fissure, s’effondre sur lui-même. Pour l’accompagner sur la voie de l’acceptation de la mort, les reines Marguerite et Marie l’entourent, ainsi que sa servante Juliette, son docteur et son garde.
Cette semaine, nous sommes allés au Théâtre du Pavé découvrir cette nouvelle mise en scène du Roi se meurt de Ionesco, mise en scène par Francis Azéma.
L’avis de Julien
Le Théâtre du Pavé commence sa saison 2018-2019 avec une pièce culte du vingtième siècle, moins absurde que ce que l’on lit parfois à son sujet… C’est vrai que l’on est toujours tenté de ranger les auteurs dans des cases : untel est romantique, un tel est absurde, etc. Un monde qui s’effondre au gré de la santé de son roi, cela peut sembler absurde. Et pourtant, à réentendre les dialogues du Roi se meurt, rien ne m’a paru moins absurde que ce qui se racontait-là.
La mise en scène de Francis Azéma montre parfaitement la difficulté que l’on a d’admettre que l’on est mortel. D’accepter que c’est bientôt fini. Tantôt vieillard croulant, tantôt petit enfant capricieux, ce Bérenger résiste coûte que coûte à cette issue inévitable. Plusieurs scènes m’ont vraiment frappé droit au cœur : le dialogue avec la servante Juliette dont la vie n’est que souffrance (mais si tu souffres, alors tu vis), l’anecdote du petit chat roux (quelle fragilité !) et enfin ce caprice ultime (et absurde, certes) de manger un dernier pot-au-feu ! Chaque scène nous rappelle le sel de la vie, que l’on oublie parfois un peu sous les tracas du quotidien.
L’avis de Charlotte
Le roi se meurt fait partie de ces pièces que je voulais absolument voir dans ma vie. Il y en a peu, mais après avoir étudié plus jeune un peu le théâtre de l’absurde, l’envie de voir prendre corps sur scène ce genre de texte a toujours été là. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis rendue au Théâtre du Pavé, et je n’ai pas été déçue du voyage. Quelle force d’évocation dans les mots d’Ionesco. La mise en scène sans trop de fioritures de Francis Azéma nous permet de nous plonger totalement dans l’âme de ce roi confronté à sa fin. Mon seul bémol, c’est l’effet scénique sur la scène de la fin, à laquelle je n’ai accroché. Mais soyons honnête, le monologue final de Marguerite m’avait déjà un peu fait tiquer à la lecture de la pièce il y a des années, donc je pense que ça joue beaucoup. Cela n’enlève en rien la magie de ce Roi qui se meurt, magnifiquement servi par la performance des acteurs (incroyable Marguerite !).
Si vous souhaitez entendre ou redécouvrir Le Roi se meurt de Ionesco, rendez-vous jusqu’au 20 octobre au Théâtre du Pavé (métro Saint-Agne) du mardi au samedi à 20h30, et le dimanche à 16h.
crédit photo : © Justine Ducat
Qui a écrit cet article ?
Le nez dans les bouquins, le cœur dans les musées, les jambes à l'assaut du patrimoine et l'esprit en voyage ! Je partage avec vous mes découvertes culturelles du moment, diverses et variées, sans prise de tête. Éclectisme, je crie ton nom !
Serial blogueuse, retrouvez moi aussi sur mes blogs famille & lifestyle, Famille en chantier et Line&Color