Les ouvrages de Michel Pastoureau sur l’histoire des couleurs sont des références depuis deux décennies (notamment ceux consacrés au bleu, au noir, au vert et plus récemment au rouge). L’historien s’est également intéressé dans ses ouvrages successifs aux blasons, aux symboles, et aux événements fondateurs de l’Histoire de France. En 2015, il publia Le roi tué par un cochon, une enquête historique sur un événement connu des spécialistes mais qui fait parfois seulement figure d’anecdote dans nos livres d’Histoire. Cet événement, c’est la mort du successeur de Louis VI le Gros, le roi Philippe, mort à quinze ans suite à une chute de cheval causée par un cochon diabolique surgissant d’une rue de Paris. Un accident si bête, si honteux, et ayant eu lieu alors que le roi était si jeune qu’il n’est souvent même plus cité dans la liste des rois de France. La preuve : entre Philippe Ier (roi en 1060) et Philippe II (roi en 1180), ce roi Philippe n’a même pas eu droit à son propre numéro, bien qu’il fût sacré en 1129 ! Dans la plupart des chronologies, seuls Louis VI et Louis VII apparaissent entre Philippe Ier et Philippe II. Quant au “roi tué par un cochon”, hop ! occulté !
Cette plongée dans le XIIème siècle est passionnante. Pastoureau nous raconte dans un style d’une grande clarté les coutumes d’une époque éloignée. C’est l’occasion pour le lecteur que nous sommes de revenir sur de nombreux symboles ou certaines pratiques ancestrales : l’interdit alimentaire de certaines religions vis-à-vis du porc, le choix de la fleur de lis comme blason de la monarchie, ou bien le patronage de la Vierge Marie sur la France (à qui l’on doit le bleu de notre drapeau tricolore, ou le maillot de nos équipes sportives nationales). Qui aurait cru que tout cela était la conséquence d’un accident entre un jeune roi effacé des livres d’Histoire et un banal cochon ?
Cette lecture m’a vraiment beaucoup intéressé et les 208 pages se lisent presque d’une traite. Mon seul regret : je pensais trouver plus d’informations sur les procès d’animaux, coutumiers au Moyen âge alors qu’on aurait peine à les imaginer aujourd’hui… Mais à la mort de Philippe, ce genre de procès n’était pas encore répandu. Mais un petit chapitre est quand même consacré à cette question dans la dernière partie de l’ouvrage, où l’on apprend qu’il a pu y avoir, outre les procès des animaux domestiques, des procès de rats, voire même d’insectes ! Quand on voit la lenteur du système judiciaire aujourd’hui où l’on ne traite que des cas humains, imaginez ce que ça serait s’il fallait porter plainte contre la moindre mouche importune !
Bref, si vous êtes férus d’histoire ou bien de simples amateurs curieux comme moi, je vous recommande cet ouvrage, adapté à tous les lecteurs. Avez-vous déjà lu d’autres essais de Michel Pastoureau ? Lesquels vous ont paru les plus intéressants ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Pastoureau j’adore, j’ai lu tous ceux consacrés aux couleurs, j’attends avec impatience la sortie de celui consacré au jaune. J’ai eu l’occasion d’assister à un cycle de conférences qu’il avait donné sur le bleu, tellement passionnant ! Mon frère a beaucoup de livres de lui, je lui demanderais s’il a lu celui là.
Les livres sur les couleurs, je ne suis pas étonné qu’ils te plaisent ! En ce qui me concerne, je ne les ai pas lus mais je sais qu’ils sont fameux. Il recycle un peu ses recherches sur le “bleu” dans cet ouvrage sur “le roi tué par un cochon” afin de montrer le lien entre cette anecdote et les symboles de la France.