Hier soir, j’étais invité à Altigone (Saint-Orens) pour découvrir Le Songe, adaptation du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare par Nicolas Dandine. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu cette pièce… La dernière fois ce devait être en 2016, lorsque Laurent Pelly en avait fait une mise en scène monumentale et onirique au Théâtre de la Cité. La compagnie de l’Esquisse a proposé une version nouvelle de ce classique dont le titre est volontairement tronqué comme pour marquer une prise de liberté par rapport à l’originale.
Le Songe d’une nuit d’automne à Altigone
Monter Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare n’est pas une mince affaire. La pièce mélange les styles et les univers pour raconter simultanément 3 récits amoureux dans 3 univers qui coexistent sans vraiment se mélanger. Il y a d’abord l’intrigue grecque : Héléna aime Démétrius qui aime Hermia qui aime Lysandre… un joyeux bordel, donc ! Puis il y a l’intrigue magique : le roi des elfes Obéron souhaite jouer un tour à la reine des fées Titania avec l’aide du lutin Puck. Enfin, il y a l’anniversaire de mariage du roi Thésée et son épouse Hippolyte : fête à l’occasion de laquelle une troupe de comédiens amateurs prépare un spectacle inspiré de la légende de Pyrame et Thisbée.
Vous l’avez compris, tirer simultanément le fil de ces trois intrigues est une gageure. La compagnie de l’Esquisse en rajoute une couche puisque ce sont les mêmes comédiens qui jouent tour à tour les personnages de ces trois histoires, grâce à d’astucieux changements de costumes, de voix et d’attitudes.
Un songe disco et psychédélique
Nicolas Dandine n’a pas choisi la carte de l’esthétique élisabéthaine pour monter cette version du Songe. La scénographie est résolument moderne avec ses néons, fumées et boule à facettes. Les fées du royaume magique semblent directement sorties d’une boîte de nuit disco, l’ambiance est assurée par DJ Pepper aux platines, et Puck est un lutin pour le moins décadent dont on ne sait pas s’il est flegmatique ou simplement défoncé.
Dans ce songe quelque peu désenchanté, j’ai surtout aimé les scènes de théâtre dans le théâtre. Jérôme Jalabert, dans le rôle de Bottom, est un véritable clown pour qui le théâtre semble être resté un jeu d’enfant. Les scènes de cette intrigue sont surtout là pour nous rappeler que le théâtre est une grande machinerie artisanale et que les acteurs seront toujours là pour nous faire rêver les yeux ouverts.
N’hésitez pas à prendre connaissance de la programmation d’Altigone (ici), il y a certainement des spectacles pour vous dans les mois à venir !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.