Voilà de nombreuses semaines que Culture déconfiture ne vous a pas proposé de critique de film. Ce n’est pas que l’affiche manquait de choix, mais je n’avais rien vu qui méritait des recommandations particulières.
Et puis hier, je suis allé voir Le tout nouveau testament qui est en salle depuis mercredi (2 septembre). Ce que j’ai lu dans la presse ou sur internet au sujet de ce film est assez mitigé. Mon avis ne l’est absolument pas : c’est le meilleur film que j’ai vu en 2015 !
Comme dans ses films précédents, Jaco van Dormael a écrit un scénario qui bouscule les attentes. Dans Toto le héros, un type à qui il n’était jamais rien arrivé racontait avec amertume la vie qu’il aurait pu avoir. Le huitième jour narrait l’amitié invraisemblable d’un acharné de travail et d’un trisomique. Mister Nobody enfin était l’autobiographie du plus vieil homme du monde, faisant le récit de toutes ses existences alternatives selon les choix que la vie lui a proposée… Ces trois films étaient des chefs-d’œuvre. Le tout nouveau testament ne déroge pas à cette habitude.
Le scénario de cette nouvelle comédie oscille entre le fantastique et le conte : Dieu est un homme aigri, mauvais époux et mauvais père, résidant dans un appartement minable de Bruxelles. Pas étonnant que son fils, J.-C., ait quitté la barque pour faire sa vie ailleurs (et on connait son destin) ! Le seul plaisir de Dieu : regarder le sport à la télé et torturer la petite humanité que nous sommes à coups de catastrophes, accidents et lois universelles à vous rendre fous (loi 2218 : à la caisse d’un supermarché, la file d’à côté avance toujours plus vite ; loi 2129 : quand on plonge un corps dans la baignoire, le téléphone sonne).
Sa déesse de femme est reléguée au ménage et à la broderie. Sa fille Ea, enfin, vient d’avoir dix ans et se dit qu’il faut changer quelque chose… Ni une ni deux, elle envoie un sms à chaque terrien pour l’avertir de sa date de décès. Les cartes sont redistribuées : chaque humain connait le temps qui lui reste à vivre et peut donc consacrer ce temps à faire les choses vraiment importantes pour lui ! Mais ce n’est pas tout, Ea va aussi choisir six nouveaux apôtres pour compléter l’équipe composée par son frère J.-C. qui n’en avait pris que douze. Elle espère qu’à dix-huit, ces apôtres auront l’efficacité d’une équipe de baseball et écriront un tout nouveau testament !
Ce film est tantôt comique, tantôt très poétique. L’histoire se découpe en huit courtes parties : le prologue que je viens de vous résumer (ou la genèse), les six nouveaux évangiles (comme autant de petits courts métrages sur chaque nouvel apôtre) et un dénouement (le cantique des cantiques). Même si ces petites histoires sont un peu inégales, vous trouverez dans ce film de quoi vous sustenter ! Vous y croiserez pêle-mêle les intonations de Philippe Delerm et celles d’Eric-Emmanuel Schmitt, ainsi que les couleurs d’Amélie Poulain et l’humour des Monty Python.
Très honnêtement, on n’avait pas fait meilleure réécriture des évangiles depuis La Vie de Brian !
Alors qu’est-ce que vous feriez, si vous saviez qu’il ne vous reste que dix ans à vivre à partir d’aujourd’hui ? Pour ma part, pas de doute, je commencerais par aller au cinéma revoir Le Tout nouveau testament !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
4 comments
excellent film, vraiment décalé, tous les acteurs sont vrai très bons.
Tout à fait d’accord avec toi !
Ça donne envie !
Alors n’hésite pas ! Tu nous diras si tu as autant aimé !