Les gens dans l’enveloppe, c’est à la fois un roman, un album-photos, une enquête et un CD de chansons. Les quatre sont indissociables et leur genèse est bouleversante.
- Le roman (pages 15 à 180)
En juin 2012, la romancière Isabelle Monnin a acheté un lot de 250 photos d’une famille à un brocanteur qui les lui a fait parvenir dans une enveloppe. Aucun renseignement, aucun texte au sujet de ces gens… Pas de noms ni de dates. Mais avec son imagination fertile, Isabelle Monnin va inventer les liens de parenté, les identités et les histoires de ces gens dans l’enveloppe. C’est ainsi que, sous sa plume, sont nés Laurence, Michelle, Mamie Poulet et Serge.
- L’album photo (pages 181 à 192)
Au cœur du recueil ont été glissées quelques pages en papier glacé pour découvrir les personnes réelles qui ont inspiré la romancière. Un pêle-mêle de photos nettes ou floues, parfois surexposées, qui ressemblent à toutes celles qui peuplent nos propres albums. C’est si ordinaire que c’est émouvant…
- L’enquête (pages 193 à 399)
Les gens dans l’enveloppe est plus complexe et infiniment plus poétique qu’un simple roman imaginé à partir de photos. Après avoir mis le point final à son récit fictif, Isabelle Monnin a décidé d’enquêter pour retrouver ces gens et découvrir leur vraie histoire. A partir de détails dans les paysages, elle a réussi à identifier le village de Clerval et s’y est rendue pour trouver des gens qui l’aideraient à identifier et contacter les personnages de ses photos. Quel suspens !
Cette partie du dispositif est de très loin celle qui m’a le plus captivée ! Que de rebondissements et de surprises ! On dit parfois que la réalité dépasse la fiction. Si cette enquête est authentique, alors elle en est la preuve ! La rencontre avec les gens des photos est incroyable. D’un côté, leur histoire est très ordinaire, et en même temps elle est unique et captivante.
Le plus émouvant, ce sont bien sûr les échos entre ce qu’Isabelle Monnin avait imaginé et les personnes réelles qu’elle a finalement rencontrées. Certaines phrases du roman résonnent alors comme des prophéties ou des fulgurances. On frissonne en tournant les pages, en ayant le sentiment qu’on les connait déjà.
- Le CD de chansons
Le parolier et chanteur Alex Beaupain, ami d’Isabelle Monnin, a décidé d’écrire quelques chansons que lui ont inspiré le roman et ses personnages (le CD comporte 12 pistes). J’avais écouté l’album avant de lire le livre et j’avais été un peu déçu. Je ne comprenais pas la récurrence de certaines chansons et les reprises d’Emilie Jolie ou des Mots bleus aux pistes 4 et 8. Les paroles des pistes originales me semblaient un peu abstraites…
J’ai bien sûr réentendu le CD après avoir fini la lecture des Gens dans l’enveloppe, avec le mode d’emploi cette fois. Quels frissons !
Quatre chansons renvoient à Laurence (à laquelle Camélia Jordana prête sa voix), quatre autres à Michèle (interprétée par Clotilde Hesme), trois à Mamie Poulet (avec la voix de Françoise Fabian) et une dernière chanson renvoie à Serge. Quant aux pistes 4 et 8 (les fameuses reprises d’Emilie Jolie et des Mots bleus) ce sont les vraies personnes retrouvées par Isabelle Monnin lors de l’enquête qui les chantent, comme des souvenirs musicaux de leur jeunesse. Quel talent ! Une fois qu’on a toutes les pièces du puzzle, tout devient limpide et d’une grande force.
Les gens dans l’enveloppe est un magnifique projet, mené avec détermination et délicatesse ! Le pari était risqué (elle aurait pu ne jamais retrouver ces gens dans la vraie vie, ou bien que cela ne raconte rien, ou bien qu’ils ne veuillent pas entrer dans son jeu, voire s’y opposent ostensiblement…) mais elle l’a relevé avec brio. J’ai été captivé par son récit à rebondissements et je vous le recommande bien chaleureusement !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Pour l’avoir lu et écouté, je suis entièrement d’accord Avec toi. J’avais Écris un billet dessus d’ailleurs. Je regrette juste que la première partie soit aussi peu captivante. Il faut vraiment s’accroCher.
C’est vrai que la partie “roman” est la moins captivante. Mais elle donne vachement de puissance à l’enquête quand on découvre les personnes réelles derrière les personnages. Comme la partie “roman” est très courte, ça passe.