Cette semaine, les névrosées font leur cinéma. Mercredi dernier, Mon roi de Maïwenn sortait en salle ; cette semaine c’est autour de Lolo de Julie Delpy (que j’ai pu voir hier en avant-première).
L’un des films est un drame, l’autre une comédie. Les deux sont réalisés par des femmes talentueuses et les deux abordent sous des angles différents trois thèmes communs : la perversité narcissique, la question du couple, la parentalité.
Sans avoir été totalement bouleversé, j’ai aimé les deux films. Celui de Maïwenn met parfaitement en scène deux comédiens au paroxysme de leur talent : Vincent Cassel (que l’on ne présente plus) et Emmanuelle Bercot (meilleure interprète féminine selon le dernier festival de Cannes). Le film de Delpy vise moins la performance, et son quatuor brille plus par la qualité de ses réparties – parfois très crues – que par son jeu. Une mention spéciale s’impose tout de même pour Karin Viard, également à l’affiche de Belles familles et toujours géniale quel que soit le registre.
Des deux métrages, l’Homme et la Femme ne sortent pas vraiment grandis. La Femme ne semble se réaliser qu’à travers le regard de son conjoint ou celui de son enfant, et elle peine à reconquérir sa liberté et son bonheur. Quant à l’Homme, il semble n’avoir que deux incarnations possibles : celle du pervers manipulateur, ou celle du beauf gentil et un peu con (mais avec « une grosse bite », ce n’est pas moi qui le dis, c’est Julie…).
Que vous recherchiez des larmes ou des rires, ces deux films vous combleront ! Le film de Maïwenn est dans la veine de ses précédentes réalisations, c’est-à-dire intense et très juste. Julie Delpy, pour sa part, se découvre un nouveau style avec Lolo, puisqu’elle réalise pour la première fois une comédie romantique à la française dont la formule est extrêmement standardisée, mais dont elle déjoue les pièges en parvenant à proposer une œuvre qui puisse parler et plaire à tous, au-delà de la ménagère de moins de cinquante ans qui est la cible désignée de ce type de film (en conséquence, pour la première fois de ma vie, je ne me suis pas ennuyé devant un film de cette catégorie).
Si les deux réalisatrices semblent exorciser à travers leurs œuvres des démons personnels (Maïwenn parle de Mon roi comme d’une autofiction et Julie Delpy confiait récemment à Catherine Ceylac dans Thé ou Café qu’elle surnommait son fils « mon petit empereur » – soit dit en passant, ça promet pour la suite), je n’ai pour ma part pas trouvé dans ces films les reflets de mes propres névroses. Malgré tout, j’avoue que je n’ai pas non plus boudé mon plaisir, alors quel que soit le film que vous irez voir cette semaine j’espère qu’il en sera de même pour vous !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.