Pour une fois, je vais vous parler d’un spectacle encore à l’affiche pour deux semaines à Toulouse : Les Oiseaux d’Aristophane, mis en scène par Laurent Pelly au TNT.
La comédie antique a été écrire en 414 avant J.-C. pour la célébration des Lénéennes, des fêtes religieuses pendant lesquelles, du temps de la République Athénienne, les Grecs se rendaient au théâtre. Dans Les Oiseaux, Aristophane a proposé une satire politique et religieuse de la société. Cette année, Laurent Pelly a demandé à Agathe Mélinand d’en faire une nouvelle traduction et de la remettre au goût du jour.
En résumé : Les athéniens Evelpides et Pisthétère fuient la corruption de la grande cité grecque, en quête du roi Térée, ancien souverain de Trace qui fut changé en huppe. Lorsqu’ils le retrouvent, ils le convainquent (ainsi que tous les oiseaux), de fonder leur propre cité entre ciel et terre, où ils s’émanciperont des dieux et des vices humains. Ainsi est fondée la nouvelle cité de Coucouville-les-Nuées, affranchie de l’Olympe et d’Athènes. Mieux : s’ils veulent continuer à recevoir les fumées des offrandes, les dieux devront accorder aux oiseaux un tribut, et les hommes devront toujours sacrifier aux oiseaux avant de sacrifier aux dieux. Rapidement, Coucouville-les-Nuées devient victime de son succès et voit les migrants de la terre affluer, demandant asile aux oiseaux dans leur El Dorado aérien.
Mon avis : En ces temps d’élection, il n’est jamais vain de relire ou de réentendre les antiques, qui ont déjà analysé avec beaucoup de finesse (et beaucoup d’anticipation) tous les défis qui se répètent aujourd’hui. Pourtant, Laurent Pelly n’a pas choisi de souligner les échos que l’on pouvait trouver entre la pièce et l’actualité. Sa proposition n’est pas ancrée et l’esthétique de sa mise en scène prend le pas sur le contenu politique et satirique. Selon moi, la pièce y perd un peu en force et en intérêt. D’ailleurs, les rires et les sourires n’ont pas été nombreux pendant les deux heures de spectacle, ce qui est un peu regrettable quand on s’attend à voir une comédie.
La manière dont le chœur des oiseaux a été mis en scène m’a davantage convaincu. Pas de plumes ni de poulies pour des scènes de haute voltige, mais des éventails de bois et un plateau en pente ont suffi à donner l’impression d’une volière sur scène. Les choristes qui interprétaient les volatiles ont parfaitement donné l’illusion de l’animalité, notamment dans leurs déplacements tantôt confus, tantôt organisés en escadrons. Mais leur manière de scander le texte comme un piaillement d’oiseau était vraiment à casser la tête… Très lassant à la longue !
Bref, ce spectacle ne me laissera pas un souvenir impérissable. Si les propositions scénographiques se justifient, elles ne détonnent pas non plus par leur originalité ni par leur force. Une semaine après avoir vu le spectacle, il ne m’en reste déjà plus aucune image forte ni aucun souvenir de moment vraiment drôle, si ce n’est la scène où Poséidon et Héraklès viennent demander des comptes aux oiseaux, seul passage un peu farcesque et comique de cette mise en scène.
Et vous, avez-vous déjà vu Les Oiseaux d’Aristophane ? Cette version est à l’affiche au TNT (Toulouse) jusqu’au 13 mai 2017. Aimez-vous cette pièce et quelle mise en scène en avez-vous préférée ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
