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Les Quatre Saisons de Vivaldi au rythme de la danse contemporaine et du hip-hop

by Julien
quatre saisons dansées mourad merzouki julien chauvin compagnie Käfig et Concert de la Loge ©-Julien-Benhamou

Je vous parle souvent de Mourad Merzouki et de la compagnie Käfig sur Culture déconfiture. Depuis Pixel en 2015, j’essaie de ne jamais rater leurs spectacles à chaque fois que c’est possible. J’ai donc profité de leur passage à Toulouse hier pour aller voir Quatre saisons dansées, un ballet créé en collaboration avec le Concert de la Loge, orchestre baroque dirigé par le violoniste Julien Chauvin. Entre le virtuose du hip-hop et celui du violon, on était à 100% dans « l’esprit Culture déconfiture », c’est-à-dire un audacieux mélange entre culture classique et art populaire. Un régal !

Quatre saisons dansées : un dialogue vivifiant entre les arts

Les Quatre Saisons de Vivaldi, chef-d’œuvre intemporel de la musique baroque, offrent une toile sonore d’une richesse exceptionnelle. Chaque partie représente une saison, avec des atmosphères variées allant de la douceur printanière aux tempêtes hivernales, en passant par les orages explosifs de l’été. Ce répertoire classique trouve aujourd’hui une résonance particulière lorsqu’il rencontre les énergies brutes et innovantes de la danse contemporaine et du hip-hop. Ce mariage étonnant prouve que tradition et modernité ne s’opposent pas, mais dialoguent avec virtuosité (si tant est qu’il faille encore le prouver, vu qu’on le répète sans cesse ici depuis plus de 10 ans).

quatre saisons dansées mourad merzouki julien chauvin compagnie Käfig et Concert de la Loge
Pieds nus, Julien Chauvin joue sans partition au milieu des B-Boys et B-Girls de la compagnie Käfig

J’ai été ravi de retrouver l’inventivité de la compagnie Käfig dans ce spectacle, après la petite déception qu’avait été Zéphyr en 2023. À l’époque, je n’avais pas vraiment senti le vent souffler… Eh bien dans les Quatre saisons dansées, je vous assure qu’on sent parfaitement chaque rafale, de la brise à la bourrasque. Andy Adrianasolo est particulièrement époustouflant dans ses sauts, qui lui donnent l’air de voler ! En véritable coryphée, il entraîne les six autres danseurs dans son sillage et leur donne le tempo.

La puissance expressive du mouvement

La danse contemporaine, par sa liberté gestuelle et son expressivité, épouse parfaitement les nuances de Vivaldi. Les violons qui imitent le souffle du vent ou le clapotis de l’eau se transforment en mouvements fluides, presque liquides. Les danseurs contemporains traduisent ainsi la poésie sonore de Vivaldi en gestes aériens, souvent minimalistes, qui captent les émotions subtiles de chaque saison. De son côté, le hip-hop, par ses figures acrobatiques et ses ruptures rythmiques, insuffle une énergie nouvelle à la musique baroque. Les tuttis exaltés de Vivaldi deviennent le terrain de jeu idéal pour des freezes, des waves et des mouvements syncopés qui amplifient la dramaturgie musicale.

Un mariage visuel et sonore saisissant

La force de cette fusion réside dans son contraste. Là où Vivaldi apporte harmonie et précision, la danse hip-hop introduit une spontanéité et une physicalité explosives. Comme Blanca Li ou d’autres chorégraphes contemporains, Mourad Merzouki a su exploiter ce paradoxe pour créer des spectacles où l’ancien dialogue avec le moderne, sans jamais se trahir. C’est déjà ce que j’avais aimé dans Folia en 2022. La beauté classique de la musique trouve ainsi une modernité inattendue, tandis que la danse urbaine s’enrichit d’une profondeur musicale et émotionnelle.

cartes blanches käfig merzouki
En 2019, la compagnie Käfig nous avait déjà mis la tête à l’envers dans un spectacle où les danseurs avaient Carte Blanche © Benoîte Fanton

En mariant les Quatre Saisons à la danse contemporaine et au hip-hop, Mourad Merzouki & Julien Chauvin soulignent tout ce que ces formes artistiques – que l’on a tendance à opposer – ont en commun. Ce croisement célèbre l’universalité de l’art : qu’importe l’époque ou le style, l’essence de l’expression humaine reste la même. Ce dialogue entre baroque et modernité dépasse les frontières pour offrir un spectacle à la fois audacieux et poétique. Merci aux Grands Interprètes pour cette programmation si appréciable en fin d’année !


Bonne nouvelle : si vous aviez raté Pixel il y a dix ans, le spectacle est de nouveau joué à Paris en ce moment au 13e Art, le Théâtre de la place d’Italie, jusqu’au 1er février. Si je n’habitais pas si loin de la capitale, j’y courrais sans hésiter ! Et vous, qu’attendez-vous pour aller applaudir la compagnie Käfig ?

Magiques et hypnotiques Pixels

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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