Du 24 au 28 janvier prochains, Les Liaisons dangereuses seront dansées par le Ballet du Capitole. Oui, vous avez bien lu : « dansées » ! Vous connaissez probablement le roman dont ce ballet s’inspire, de même que vous avez probablement entendu parler de ses adaptations théâtrales et cinématographiques (sinon vu). C’est sur une musique de Jean-Philippe Rameau et de Walter Fähndrich que l’italien Davide Bombana a imaginé cette chorégraphie. Les liaisons dangereuses est indéniablement une œuvre qui n’a de cesse d’inspirer les artistes !
1 – Du roman de Pierre Choderlos de Laclos…
Lorsqu’il paraît en 1782, ce roman sulfureux circule comme étant une compilation authentique de lettres écrites par des libertins contemporains. Le tout Paris veut lire ces correspondances, faisant immédiatement de cet ouvrage un best-seller. Le Vicomte de Valmont y passe un pacte avec la machiavélique Marquise de Merteuil : s’associer pour pervertir l’innocente Cécile de Volanges et faire chuter la vertueuse Présidente de Tourvel. Entre dissimulation et sincérité, les deux libertins vont faire voler en éclat les illusions de la société du dix-huitième siècle.
2 – … à la scène, puis à l’écran…
Christopher Hampton adapte le roman à la scène en 1985. La mise en scène qu’en fit John Malkovitch en 2012 au Théâtre de l’Atelier (Paris) fut exceptionnelle ! Les films inspirés par le roman ou par cette pièce sont si nombreux qu’il serait difficile de tous les énumérer. On peut citer néanmoins parmi les plus célèbres une version française avec Jeanne Moreau et Gérard Philippe (Liaisons dangereuses 1960), la version britannique de Stephen Frears avec Glenn Close et John Malkovitch (Dangerous liaisons), la version américaine de Milos Forman (Valmont), ou sa transposition à Manhattan pour adolescents, avec Sarah Michele Gellar et Ryan Philippe (Cruel intentions). Pour info, le tube de Mylène Farmer Beyond my control est également une référence aux Liaisons dangereuses : c’est la phrase qu’emploie Valmont lorsqu’il brise le cœur de la présidente de Tourvel !
3 – … et aujourd’hui une version dansée
Davide Bombana se plaît à adapter les grandes figures des mythes et de la littérature. Après Woyzeck, Lolita, Faust ou encore Médée, il a choisi de transposer en ballet Les Liaisons dangereuses. Dans le but de révéler les similitudes entre le Siècle des Lumières et le nôtre, il nous montre une société corrompue et corruptrice qui creuse sa propre tombe. Le chorégraphe s’empare de thèmes comme le désir charnel, la jalousie, la manipulation, l’amour passionnel qui peut aller jusqu’à la mort… Empreint d’expressivité narrative, il déploie un langage classique ciselé.
Le ballet sera présenté en diptyque avec Cantata, chorégraphié par un autre italien : Mauro Bigonzetti. Influencé par le postclassicisme de William Forsythe, Mauro Bigonzetti est parfois appelé le « Forsythe latin ». Son style, plastique et acrobatique, privilégie l’énergie et la vitesse. Cantata est une pièce débordante de vie, de joie, d’énergie et de couleurs, sur des chants traditionnels du sud de l’Italie, interprétés sur scène par le groupe ASSURD et Enza Pagliara. Avec sa gestuelle viscérale et passionnée, le chorégraphe y évoque la rude beauté méditerranéenne et y scrute le relationnel entre hommes et femmes. Hommage à la culture italienne méridionale et à sa tradition musicale, Cantata est « une éruption du Vésuve ».
Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole, explique le rapprochement de ces deux ballets en ces termes :
Ces deux ballets sont très différents et offrent pour Les Liaisons dangereuses, un ballet narratif néoclassique et pour Cantata, une explosion d’énergie. Leur association donne une scansion à cette soirée chorégraphique faite de rythmes, d’émotions et de couleurs.
Pour cette exceptionnelle soirée italienne, Culture Déconfiture sera aux premières loges et même en coulisse ! Suivez-nous dès demain sur la page Facebook du blog pour des lives et des commentaires en direct. Et si l’envie vous prend, rendez-vous jusqu’à dimanche à la Halle aux Grains pour vous faire votre propre opinion !
En guise de bonus, je ne résiste pas à l’envie de vous remémorer cette ultime adaptation des Liaisons dangereuses…
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Les liaisons dangereuses est une de ses œuvres qui fait carrément partie de mes classiques de chez classiques ! 🙂 Je me réjouis de les découvrir en baller. Et j’avoue, en adolescente des 2000’s, j’ai adoré Cruel intentions et sa bande-son oufissime 😉
Oui, dans le genre des adaptations qui rendent perplexe, celle des années 2000 n’est pas la pire, même si on est loin de la subtilité de l’oeuvre originale ! Si t’as l’occasion de voir la pièce de Hampton, c’est génial !