Ce roman a été l’une de mes lectures favorites cette année ! Une amie me l’avait conseillé parce que je lui parlais avec passion de Wajdi Mouawad, de sa manière de construire ses intrigues en montrant le poids que peut avoir chaque décision d’une génération à l’autre (je venais alors de voir ses pièces Incendies et Forêts au théâtre). Cette amie m’a alors dit : « Lignes de faille est un roman écrit pour toi ! » et elle n’a pas eu tort.
Nancy Huston a découpé son intrigue en quatre parties. Chaque partie correspond à une époque et à un narrateur. Sol est le premier de ces narrateurs puis c’est au tour de son père, de sa grand-mère et enfin de son arrière-grand-mère. La particularité de cet enchaînement narratif, c’est que vous remontez le temps à l’époque où le personnage avait six ans. Si le roman commence donc au vingt-et-unième siècle en Californie, c’est pour s’achever à rebours dans les années 40 en Allemagne (sans oublier de passer par l’Israël des années 80 dans la deuxième partie et le Canada des années 60 dans la troisième).
La première partie est à mon avis la plus difficile à lire : le narrateur s’exprime dans un dialecte parfois proche de la poésie en prose et du flux de conscience. Il ne faut pas se laisser impressionner ni rebuter par ce style inhabituel. Persistez jusqu’à la deuxième partie et vous serez récompensés de ne pas avoir abandonné. Le style utilisé par les narrateurs des trois dernières parties est beaucoup plus courant et fluide, et l’histoire qu’ils ont à raconter est bouleversante.
Vous serez surtout ravis de retrouver les mêmes personnages au fil du roman, perçus de manière totalement différente selon le point de vue narratif. A ce titre, le personnage d’AGM (l’arrière-grand-mère) est le plus approfondi, car elle apparait dans les quatre parties (sous les traits d’une arrière-grand-mère dans la première partie, puis d’une grand-mère, d’une mère et enfin d’une petite fille de six ans).
Je vous garantis que l’histoire racontée dans ce roman ne vous laissera pas indifférents et remettra profondément en question la perception que vous avez de votre entourage et de votre famille (sait-on tout de ceux qui nous sont le plus proches ? quels événements ont pu conduire une personne à s’endurcir ?). Et elle vous fera également découvrir un programme eugénique peu connu mis en place par les nazis : les lebensborn (mais je ne vous en dis pas plus à ce sujet, il vous faudra lire le roman pour tout comprendre).
Il paraît que le roman a été adapté au théâtre et était à l’affiche du Théâtre du Rond-Point à Paris en 2015. Si vous êtes allés voir cette pièce, surtout n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me donner votre avis, ça m’intéresse beaucoup !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
J’ai lu ce roman à sa sortie en 2007 et je l’ai beaucoup aimé. Il m’a énormément émue.
C’est la première partie que j’ai le moins aimée, le premier narrateur m’étant assez antipathique, mais le reste était magnifique. J’ai aimé aussi lire l’évolution des personnages, et au final une sorte de réinvention de chacun.
Moi aussi j’avais adoré ce livre! J’enrage d’apprendre que j’ai laissé passé une adaptation au théatre, pourvu sûils le remontent!