Sur les excellents conseils d’une amie lectrice, je me suis lancé cet été dans Le Livre des nuits de Sylvie Germain. Il s’agit de son premier roman publié en 1984, qui a été récompensé par six prix littéraires cette année-là, rien de moins ! Il suffit d’en lire quelques pages pour comprendre cet engouement…
En résumé : Le roman nous fait traverser les dix-neuvième et vingtième siècles (de 1860 à 1945 pour êtres précis) à travers le destin d’une famille française, les Péniel, génération après génération. Marqués par les guerres européennes mais aussi les conflits sentimentaux, les personnages vont connaître des passions et des bouleversements destructeurs. Dans ce livre, naissances et morts se côtoient sans cesse, au rythme des mariages et des séparations. L’essentiel de l’intrigue gravite autour de Victor-Flandrin Péniel, dit Nuit-d’Or-Gueule-de-Loup, qui porte à son cou les larmes de son père, traîne derrière lui une ombre blonde et qui a l’œil constellé d’étoiles. Ses quatre mariages et sa nombreuse descendance sont au cœur du Livre des nuits, dans un monde aux confins du réel et du légendaire.
Mon avis : Le Livre des nuits est un parfait exemple de ce que l’on appelle en littérature le « réalisme magique ». Alors que l’intrigue s’ancre dans une France bien réelle qui n’a rien d’imaginaire, les micro-événements de la vie des personnages sont teintés de poésie et de magie qu’il serait bien difficile d’expliquer… En effet, comment interpréter la dissolution totale du corps de Noémie après avoir accouché d’un enfant entièrement pris dans une croûte de sel ? Ou la fusion des frères Augustin et Mathurin en un seul personnage nommé Deux-Frères après leur retour de la guerre de 14 ? Ou les sept larmes de Théodore-Flandrin cristallisées à sa mort, qui sentent le coing et la vanille ? Tels sont les éléments de conte fantastiques qui jalonnent ce récit incroyable et pourtant très réaliste !
Si vous avez aimé Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, Le Livre des nuits est fait pour vous ! Outre sa magie diffuse, j’ai particulièrement aimé la force avec laquelle Sylvie Germain décrit les passions et le désir, de manière si intense et presque violente, et qui nous communique la soif de vivre insatiable de son héros Victor-Flandrin en dépit des guerres et de la folie meurtrière qui va frapper sa famille (et l’on comprend mieux la métaphore de la nuit qui entoure tout ce roman) !
Il semble que Sylvie Germain ait donné une suite à son Livre des nuits intitulé Nuit d’Ambre, comme une septième nuit après la Nuit de l’eau, la Nuit de la terre, la Nuit des roses, la Nuit du sang, la Nuit des cendres, et Nuit nuit la nuit (les six parties qui composent le Livre des nuits). Je pense que je ne tarderai pas à me le procurer et je reviendrai ici vous en parler !
Et vous, avez-vous déjà lu des livres de Sylvie Germain ? Que pensez-vous de ses romans ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
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Ça donne clairement envie !