Ce mois-ci, la Halle aux Grains fait le grand-écart. Après nous avoir bouleversés avec le très classique Requiem de Mozart il y a deux semaines, place à l’inattendu concert électro de Jeff Mills avec l’Orchestre National du Capitole, un projet que le DJ américain présente comme « une excursion musicale exotique vers l’inconnu. » Exotique ? Son concert intitulé Lost in space l’est, pour le moins. C’est une véritable odyssée de l’espace à laquelle il nous invite.
Le concept m’a tout de suite séduit. Associer un DJ américain et un orchestre symphonique, c’est une idée alléchante ! Peu importe la nature de la musique, je voulais entendre ce mélange éclectique. Plus qu’un concert, c’est une expérience multi-sensorielle qui a été orchestrée.
Lost in space est un spectacle totalement influencé par la science-fiction. On y retrouve explicitement des références à Stanley Kubrick (tiens, deux mesures de Johann Strauss !) mais on ne peut s’empêcher de penser aussi au Space Oddity de David Bowie (Check ignition and may God’s love be with you – liftoff)… L’ouverture du concert est un véritable décollage de fusée ! C’est parti pour une heure de voyage intersidéral !
Je dois avouer d’emblée que, sur le plan purement musical, j’ai été parfois un peu sceptique. Je ne suis pas du tout familier avec la musique contemporaine et sa compréhension n’a rien d’intuitif. Quand j’avais lu « électro-symphonique », j’avais plutôt en tête les Daft Punk et leur Tron Legacy que j’écoute en boucle. Avec Mills, on était plutôt dans du symphonique déstructuré et très pointu. Peu importe, je voulais de la surprise, alors j’ai été servi !
Outre l’incroyable Orchestre National du Capitole dirigé par Christophe Mangou (à la gestuelle très, très codifiée et mystérieuse), l’artiste indien Prabhu Edouard était convié pour accompagner l’orchestre au tabla. Ambiance mystique garantie ! Mais ce qui m’a le plus subjugué, c’est la scénographie imaginée par Yves Pépin qui a habillé la Halle aux Grains de dizaines de rayons-lasers multicolores, bouleversant complètement notre perception de l’espace. Là encore, la référence à Stanley Kubrick n’était pas fortuite. Difficile de ne pas penser au voyage psychédélique du Dr David Bowman au-delà de l’infini, dans le quatrième acte de 2001, l’odyssée de l’espace. Je n’avais jamais vu de tels effets lumineux, l’expérience était assez édifiante.
Il vous reste deux soirs pour découvrir ce spectacle étonnant à la Halle aux Grains de Toulouse. Ce type d’association musicale est suffisamment rare pour se jeter sur l’occasion d’aller à sa découverte. Alors, embarquerez-vous à bord du vaisseau spatial de Jeff Mills ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.