Encore un mois sous le signe de la lecture. Au programme : du polar, de la SF et des sentiments… Tout ce que j’aime pour passer un mois de mai délicieux, malgré le contexte et l’actualité. C’est parti pour le bilan culturel du mois de mai !
La prisonnière, de Marcel Proust : Après un été à Balbec avec Albertine (raconté dans Sodome et Gomorrhe), le narrateur ramène celle-ci à Paris et vit quelques temps avec elle dans l’appartement familial. Mais peu à peu, ses sentiments évoluent, oscillant entre l’indifférence, la passion et la jalousie. Une cartographie du sentiment amoureux dans laquelle la vie mondaine occupe une moindre place par rapport aux tomes précédents.
Akira 5 & 6, de Katsuhiro Otomo : Dans les deux derniers tomes d’Akira, la ville de Néo-Tokyo n’est plus qu’une ruine dans laquelle un Grand Empire tente de renaître. Mais peu à peu, Tetsuo se sent dépassé par ses pouvoirs. Petit à petit, tous les fils du récit se rejoignent vers un dénouement en apothéose. C’est formidable de relire Akira au printemps 2020, puisque c’est précisément à ce moment-là que se déroule l’intrigue de ce manga qui avait prophétisé le chaos mondial que serait cette année (notamment l’annulation des JO de Tokyo) ! Et on croit savoir que ce seinen culte va bientôt donner lieu à une adaptation live produite par… Leonardo DiCaprio. On en parle ici, et on a hâte d’en savoir davantage.
Entre deux mondes, d’Olivier Norek : C’est un roman qui nous plonge dans la jungle de Calais, un monde à la fois très proche et très éloigné de notre quotidien. Olivier Norek donne la parole à ceux qui ne l’ont jamais, raconte des destins bouleversants. Le seul hic pour moi, c’est le style un peu plat qui ne fait pas vibrer ma corde littéraire. Un récit percutant néanmoins.
Albertine disparue, de Marcel Proust : Suite immédiate de La Prisonnière, Albertine disparue met un terme à l’intrigue amoureuse amorcée deux tomes auparavant dans Sodome et Gomorrhe. Alors que le narrateur veille farouchement sur les allées et venues d’Albertine, il se réveille un matin avec la ferme intention de la quitter. Or, il découvre avec stupeur que celle-ci est déjà partie et met fin à leur relation. Après avoir disséqué sa passion dans le tome précédent, Proust observe et décrit les différentes étapes par lesquelles il faut passer pour oublier un amour et revenir à la vie d’avant. La première partie de ce roman est magnifique comme un très long poème en prose. La deuxième partie fait revenir au premier plan du récit des personnages que l’on avait un peu oubliés et que l’on adore voir revenir sur le devant de la scène.
Extrêmement fort et incroyablement près, de Jonathan Safran Foer : Rarement un roman aura été aussi bien nommé. Jonathan Safran Foer a été inspiré par le traumatisme du 11 septembre 2001 et raconte l’Amérique d’après les attentats à travers les yeux d’un enfant de 9 ans dont le père a disparu. Plus qu’un récit, ce roman est également un jeu formel et typographique qui tient du roman photo et du jeu de pistes. Un tour de force qui ne peut pas laisser indifférent !
Le Temps retrouvé, de Marcel Proust : C’est avec ce septième tome que s’achève A la recherche du temps perdu. A l’occasion d’une soirée chez la princesse de Guermantes, le narrateur comprend enfin ce que son intuition a tenté de lui dicter pendant toute sa vie et parvient enfin à trouver l’inspiration pour écrire son roman. Ce tome est presque un méta-roman, dans lequel les volumes précédents prennent une nouvelle dimension et s’éclairent d’une nouvelle lumière. Certains considèrent Le Temps retrouvé comme le meilleur des 7 romans de la Recherche. Je ne sais pas si je serais de cet avis, mais il me paraît incontestable qu’il en est la clé de voûte. Je suis ravi d’avoir mis à profit cette période de confinement pour lire ce roman qui, clairement, était l’oeuvre idéale pour réfléchir sur le temps qui passe et ce que nous faisons de celui-ci !
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Voilà, c’était encore un beau mois sur le plan littéraire ! Et vous, qu’avez-vous fait ou lu ce mois-ci pour alimenter votre vie culturelle ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.