« En mai, fais ce qu’il te plaît ! » Le proverbe dit vrai et décidément, ce printemps a été plein de joyeusetés. Ce mois-ci, j’ai donc vu 8 films, 5 spectacles et lu 1 roman. C’est parti pour le bilan culturel du mois de mai !
Venom 2 : Let there be carnage, d’Andy Serkis
Vous avez probablement déjà vu passer des critiques très mauvaises sur ce film. Eh bien… elles sont toutes parfaitement justifiées. Aucune idée de ce que les scénaristes ont voulu raconter avec cette histoire ? Tom Hardy fait ce qu’il peut pour jouer la partition qui lui a été donnée, mais avec un sujet aussi creux, difficile d’en tirer quoi que ce soit !
Shang-Chi et la légende des dix anneaux, de Destin Daniel Cretton
Voici un épisode très mineur des films Marvel. Les auteurs veulent certainement introduire quelque chose avec cette histoire qui pour l’instant semble très éloignée de ce à quoi Marvel nous avait habitué, mais quoi ?
Ce que l’on retiendra : un casting plutôt impeccable. D’abord, le Hong-kongais Tony Leung Chiu-Wai et la Malaisienne Michelle Yeoh, deux superstars du cinéma asiatique dont le visage est suffisamment connu en Occident pour plaire à la fois au public du Levant et du Ponant. Ensuite, les nouveaux venus Simu Liu et Awkwafina qui forment un duo plutôt sympathique et attachant. Marvel voulait partir à la conquête de l’Asie avec ce film et ils marquent un premier essai, même si le film en soi n’a pas un intérêt démentiel.
Cyrano, de Joe Wright
Contrairement à ce qu’on a pu lire parfois, ce Cyrano (mouture 2022) n’est pas l’adaptation du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand mais plutôt de la comédie-musicale de Broadway d’Anthony Burgess. Sur le papier, le projet intrigue : Cyrano est joué par Peter Dinklage (le nanisme remplace donc la tare du grand nez) et Christian est incarné par Kelvin Harrison Jr. (un acteur afro-américain) et tout ce beau monde chante à tue-tête sur des airs sirupeux.
Le résultat est affligeant. Aucune grandeur, aucun humour, aucun charisme. Bref… une bouse.
La vie des autres, de Florian Henckle von Donnersmarck
Sorti en 2007, j’ai revu ce film dans des conditions un peu étonnantes au cinéma Paradiso de l’hôtel Soneva Jani (l’écran flotte au milieu de l’eau dans un lagon de l’océan Indien).
Ce film est grandiose : dans l’Allemagne de l’Est des années 1980, un agent secret espionne la vie privée de deux intellectuels (un dramaturge et une actrice) suspectés de ne pas adhérer aux idées du parti. Peu à peu, la fascination prend le pas sur la mission secrète. Si vous n’avez jamais vu ce chef-d’œuvre, je ne vous en dis pas plus et je vous encourage à aller le découvrir par vous-mêmes !
Jingle Jangle : un Noël enchanté, de David E. Talbert
Vu dans les mêmes circonstances que le film précédent, ce film musical de Noël (en mai, oui et alors ?) a été une découverte très plaisante. Une petite fille nommée Journey rend visite lors des fêtes de Noël à son grand-père Jeronicus, un fabricant de jouets qui a totalement perdu confiance en lui et en ses inventions. Le casting est enchanteur, à commencer par Forest Whitaker dans le rôle du grand-père en qui des enfants vont devoir redonner confiance, mais aussi la jeune Madalen Mills (dont on va réentendre parler).
Un spectacle à regarder avec toute la famille, qui plaira aux petits comme aux grands avec ses bons sentiments et ses belles chansons.
Doctor Strange in the Madness of Multiverse, de Sam Raimi
Après le succès du dernier Spider-Man, Marvel continue de nous entraîner dans la folie du Multivers. Si ce nouveau concept d’univers parallèles offre une infinité de possibilités scénaristiques, on peut néanmoins regretter que cela n’ouvre pas de réflexion plus poussée sur le plan philosophique et moral… Pour ma part, je pense qu’on peut faire du divertissement sans s’asseoir sur la réflexion, mais apparemment Marvel préfère sacrifier la seconde au premier.
En tous cas, mon grand plaisir dans ce film a été de retrouver Elisabeth Olsen dans le rôle de la Sorcière Rouge, une antagoniste digne de ce nom qui ravira les fans de la série WandaVision.
Downton Abbey II : une nouvelle ère, de Simon Curtis
Alors là, on est sur un film pour les fans, les vrais. Car on retrouve presque tous les personnages de la série et ils sont nombreux ! Donc si vous n’êtes pas familiers avec la famille Crawley et toute leur maisonnée, vous risquez d’être totalement largués.
Mais pour les inconditionnels, ce film est une véritable madeleine de Proust qui ravivera vos meilleurs souvenirs, vous fera rire aux éclats et vous cueillera juste comme il faut.
En corps, de Cédric Klapisch
Je pense que ce film est celui que j’ai préféré de ce réalisateur. Une danseuse classique, suite à un accident sur scène, est contrainte d’interrompre sa carrière. Dans une résidence d’artistes, elle va faire la connaissance d’une compagnie qui va peu à peu l’aider à changer son regard sur son art et sa carrière.
C’est intelligent, lumineux, souvent drôle et jamais plombant malgré un synopsis qui aurait pu verser dans le drame. Bravo à toute l’équipe pour ce film sans fausse note.
Dream, par la compagnie Julien Lestel
Vous connaissez mon amour pour la danse contemporaine. Ce spectacle aurait dû me plaire, il avait bonne presse et les visuels faisaient vraiment envie. Mais quelle déception ! Je pense que c’est le pire spectacle de danse que j’ai vu au cours des 20 dernières années. C’est à la fois poussiéreux et racoleur, mais c’est peut-être déjà une sacrée prouesse d’arriver à faire les deux en même temps…
Les danseurs de la compagnie sont d’un niveau très inégal mais sont surtout très mal dirigés sur scène, à gesticuler dans tous les sens « pour faire joli » sans jamais la moindre émotion ni la moindre idée… Une soirée de perdue !
De ta force de vivre, de Marie-Ève Perron
Dans cette pièce autobiographique, Marie-Ève Perron nous parle de la disparition de son père : les derniers instants, les funérailles et l’après. Avec beaucoup de pudeur et de recul, elle nous montre tout le processus de deuil auquel nous participons avec elle dans ce spectacle intime et fort.
Encore une pièce dont je garderai un souvenir très puissant malgré sa forme très minimaliste.
Misery, de William Goldman par Pierre Matras
Le roman de Stephen King est un chef-d’œuvre. La pièce qui en a été tirée a donné un film en 1990 qui a valu à Katy Bates une reconnaissance mondiale (oscar de la meilleure actrice). Et puis, Pierre Matras et le Grenier de Toulouse ont commis une mise en scène très étonnante… On retire de l’histoire son caractère oppressant, on fait de ses héros des personnages de comédie, et on fait rire allègrement le public avec une histoire de séquestration et de torture. Muriel Darras essaie pourtant de convaincre dans le rôle d’Annie Wilkes, mais Loïc Carcassès en face d’elle joue un Paul Sheldon inconsistant, sans émotion et pas le moins du monde impressionné ni surpris par ce qui lui arrive. Du coup, le duo ne marche pas. Seul Yohann Villepastour donne un peu de crédibilité à la situation, mais son personnage de shérif n’intervient qu’un petit quart d’heure et ne peut donc pas à lui seul sauver la pièce du naufrage.
Ne me demandez pas comment on peut en arriver là, pour moi c’est un mystère tant dans les choix artistiques que dans l’adhésion du public…
Le Barbier de Séville, de Rossini par Josef Ernst Köpplinger
Quel génial opéra ! Distribution ébouriffante, orchestre sensationnel, mise en scène ambitieuse… Tout était réussi dans ce spectacle qui a clôturé la saison 2021-2022 du Théâtre du Capitole en beauté !
Et pour ceux qui en redemandent, Figaro reviendra sur les planches du Capitole en janvier 2023 avec Les Noces de Figaro de Mozart. Bonne nouvelle, non ?
Antigone Ismène, par les élèves de la spécialité théâtre du lycée Raymond-Naves (Toulouse)
Tous les ans au mois de mai depuis une trentaine d’années, les élève du lycée Raymond-Naves présentent à la Gare aux Artistes de Montrabé leur travail théâtral. Cette année, ils sont emparés de deux figures majeures du théâtre antique : Antigone et sa sœur Ismène. À partir des textes de Sophocle, Brecht, Anouilh, Durif, Siméon et Ritsos, ils ont fait un montage afin de redonner corps et voix à ces deux héroïnes. Encore un magnifique travail mêlant théâtre et danse, accompagné par Michèle Gary à la mise en scène et Hélène Zanon pour les chorégraphies. Bravo !
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, de Jonas Jonasson
Un seul roman en mai, ce n’est pas beaucoup. J’avais commencé la lecture de ce livre au début du mois, mais j’avoue que j’ai fait une grosse pause au milieu du mois de mai sans rien lire du tout… Je l’ai donc achevé tardivement.
J’ai lu les 250 premières pages d’une traite. Style léger, récit rocambolesque, aventures qui donnent le sourire… on sent d’emblée que ce n’est pas un roman à thèse mais qu’on va quand même passer un bon moment. Mais lorsque j’ai repris le livre à mon retour, impossible de retrouver mon rythme et mon plaisir. J’ai eu le sentiment que les 250 pages suivantes ne sont qu’un enchaînement répétitif de situations plus énormes les unes que les autres, mais pour aller où ? Du coup, j’ai fini ce livre avec un sentiment très mitigé… Franchement, 500 pages pour une histoire aussi légère, c’est trop pour moi.
L’histoire, parlons-en : un centenaire, expert en dynamite, s’échappe de sa maison de retraite paisible pour repartir à l’aventure. Dans sa cavale, le vieux fugitif croise des personnages hauts en couleurs, d’éminentes personnalités qui ont écrit l’histoire du XXe siècle, et même une éléphante prénommée Sonja. Un beau programme pour un roman qui, selon moi, aurait gagné à faire plus court. Mais Charlotte a un avis plutôt différent et vous pouvez le retrouver ici.
Et vous, à quoi a ressemblé votre mois de mai sur le plan culturel ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
3 comments
Un film de Noël vu en mai au milieu de l’océan Indien.
Ok.
Tout est normal.
Tout est normal et tout est parfait 😀