Oh, le joli mois de mai ! Comme il fut réussi sur la plan culturel ! Au programme : 2 films au cinéma, 4 pièces de théâtre, 3 concerts, 1 opéra, 1 comédie musicale et 7 expositions (sans compter de nombreuses excursions sur la côte Atlantique dont je vous parlerai très bientôt sur le blog). Bref, c’est parti pour le bilan culturel du mois de mai 2023.
Mad Max : Fury Road, de George Miller
J’ai profité d’une rétrospective que la Cinémathèque de Toulouse a consacré au réalisateur George Miller pour aller voir l’un des films que j’ai préférés au cours des 20 dernières années, j’ai cité Mad Max : Fury Road. J’aime tout dans ce film : son rythme, sa photographie, ses acteurs au charisme totalement dingue malgré les 3 lignes de texte.
Merci la Cinémathèque de redonner vie sur grand écran à ces chefs-d’œuvre qui ne devraient être vus que dans ces conditions optimum.
Les Gardiens de la Galaxie : Volume 3, de James Gunn
S’il y a bien une bande du MCU dont je ne rate jamais un épisode au cinéma, c’est bien les Gardiens de la Galaxie ! Autant je me fiche éperdument des Avengers, autant cette équipe-là composée d’un raton-laveur, d’un arbre, d’un colosse et de nombreuses autres créatures extraterrestres m’éclate.
Au programme de cet épisode 3, une origin story autour du personnage de Rocket, le procyonidé le plus dangereux de l’univers. J’ai tout aimé dans ce film, dont les visuels comme la bande-son sont toujours impeccables. Ma seule déception : l’introduction du personnage d’Adam Warlock qui n’a pas du tout la prestance que je lui avais imaginé en lisant les comics. Et vous, qu’avez-vous pensé de cet épisode en forme d’au revoir ?
Othello, de William Shakespeare par Jean-François Sivadier
Cette nouvelle mise en scène du chef-d’œuvre de Shakespeare prend le contrepied de la tragédie en accentuant son côté clownesque. Je ne pensais pas autant rire devant cette pièce qui est l’une des plus désespérantes du répertoire shakespearien. Pourtant, en faisant du fourbe Iago le personnage principal de la pièce, Sivadier parvient à en faire un grand spectacle de l’hypocrisie, du mensonge et de la jalousie. Une grande réussite !
Le nouvel homme (L’Homme au crâne rasé II), de Peter Van den Eede, Natali Broods & Willem de Wolf
Je ne savais pas à quoi m’attendre en allant voir cette suite de L’Homme au crâne rasé, que je n’avais pas vu lorsqu’il avait été présenté à Toulouse il y a déjà une décennie. Alors que la pièce s’engage d’abord comme un duo sentimental où un vieux couple tente de recoller les pièces d’un puzzle amoureux, elle prend soudain un furieux virage politique qui fait tout voler en éclat. En effet, pendant les années de séparation, les deux personnages ont pris des routes différentes. Natali s’est émancipé de la bien-pensance gauchiasse de Peter et s’est engagée politiquement pour la Lega Nord, c’est-à-dire l’extrême-droite italienne. Tandis que la pièce semble montrer un piège tendu à Peter, n’est-ce pas le public lui-même qui se retrouve manipulé par la redoutable femme politique, qui tente de dédiaboliser son parti ?
Évidemment, cette pièce m’a beaucoup fait penser à Catarina et la beauté de tuer des fascistes de Tiago Rodrigues, qui nous prenait aussi dans le piège de la pensée extrémiste avec cette impression qu’aucun barrage ne peut résister éternellement au retour inéluctable du fascisme. À ces constats désespérants, je préfèrerais largement qu’on nous présente des pièces comme La Résistible ascension d’Arturo Ui de Brecht où le triomphe de l’extrême-droite paraît moins inexorable.
Même si le monde meurt, de Laurent Gaudé par Laëtitia Guédon
Bien que j’aime beaucoup l’écriture de Laurent Gaudé (je vous avais parlé ici de La Mort du roi Tsongon), j’ai peu accroché à cette nouvelle création. Tout partait plutôt bien. Le pitch est le suivant : les scientifiques du monde entier ont acquis la certitude que la fin du monde est pour très bientôt. Nous observons donc un échantillon de personnages qui doivent composer avec cette nouvelle information qui modifie profondément les choix de vie qu’ils ont fait. En effet, que feriez-vous du temps qui vous reste si la fin du monde était prévue pour dans un mois ? Dans une semaine ? Dans quelques heures ?
Jusque là, j’étais plutôt emballé. Et puis au mitan du spectacle, l’histoire et sa mise en scène s’enlisent dans des propos fumeux et interminables. On perd le fil, on s’endort, on prie pour que ça finisse vite (mais malheureusement ça dure et ça n’en finit pas de finir). Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas ennuyé comme ça au théâtre. Mais cela a au moins l’avantage de rehausser, par contraste, mon appréciation des autres spectacles vus cette année.
Trouble, de Gus Van Sant
Le réalisateur de cinéma s’essaye pour la première fois au spectacle vivant avec une comédie musicale consacrée à l’enfant terrible du Pop art : Andy Warhol. Dire que l’essai est raté est un euphémisme. Difficile d’imaginer qu’un si grand réalisateur se plante avec un sujet aussi porteur. Et pourtant, il parvient à décevoir magistralement.
Tous les gens que j’ai croisés autour du théâtre après la représentation étaient dans un même état de sidération et d’incompréhension… Comment est-il possible de produire un spectacle aussi mauvais, que l’on tolèrerait à peine dans le cadre d’un exercice scolaire de fin d’année ou pour une présentation de fin d’année en MJC ?
Allez, on oublie vite et on passe à autre chose !
Les flammes c’était moi, par la compagnie de L’île de la Tortue
Qu’est-ce que ça fait du bien d’aller voir, après les daubes que furent Trouble et Même si le monde meurt, une sortie de résidence avec du théâtre digne de ce nom. C’est à la Grainerie (Toulouse) que la compagnie de L’île de la Tortue a présenté son nouveau spectacle, librement inspiré du mythe d’Antigone tel que l’a raconté Stace dans sa Thébaïde.
Accueillies depuis 4 ans au cœur du quartier du Bois du Temple à Clichy-sous-Bois, Sarah Mathon et Sophia Antoine inventent des espaces et des protocoles artistiques où la parole puisse se déployer, et tout particulièrement celle des « invisibles » que l’on entend rarement. Les artistes de la compagnie font œuvre dans nos lieux communs, au plus proche du vivant, rompent avec une transmission verticale des œuvres et de la culture et créent des propositions artistiques qui surgissent de la relation humaine, in situ et au plus proche du vivant.
Dans cette nouvelle création, le mythe d’Antigone entre en collision avec les injustices de nos banlieues : la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré en 2005, celle d’Adama Traoré en 2016, ou bien le souvenir de la manifestation des « folles de la place Vendôme » en 1984. De la Thèbes antique à nos banlieues, il n’y a qu’un pas. De la déesse Junon à l’avocate Giselle Halimi aussi.
J’ai hâte de revoir ce spectacle joué dans d’autres lieux dès que l’occasion se présentera. Je vais le recommander à tout le monde !
Les Théâtrales de L’Union
Pour l’édition 2023 des Théâtrales de L’Union, plusieurs compagnies amateures de l’agglomération toulousaine se sont retrouvées pendant 3 jours sous le signe du théâtre. À cette occasion, l’Atelier de la Gare a pu rejouer La Visite de Vieille Dame de Friedrich Dürrenmatt, pièce dont le succès ne se dément pas.
Échos et merveilles, festival médiéval fantastique
Pour la 5ème édition du Roi Mundis, de nombreux artistes et artisans s’étaient rassemblés pendant 3 jours à Bruguières pour festoyer sur le thème des mondes médiévaux fantastiques. Du 5 au 7 mai, on pouvait croiser des faunes, elfes et autres magiciens dans une ambiance bonenfant. Sur les différentes scènes disséminées dans le parc du festival, j’ai pu voir des groupes très originaux. Trobar de Morte et sa dark wave, Storm & Guilhem Desq avec son luth électrique, l’incontournable Neko Light Orchestra (qui nous avait déjà enchanté avec ses concerts consacrée à La Terre du Milieu, Harry Potter et les films d’animation du Soleil Levant) et enfin Dayazell qui a interprété diverses musiques des mondes anciens (musiques arabo-andalouses, orient médiéval et chants latins).
J’ai déjà hâte de revenir à Bruguières en 2024 pour la 6ème édition de ce festival magique !
Le Viol de Lucrèce, de Benjamin Britten par Anne Delbée
Je ne connaissais pas cette œuvre rare qui vient de faire son entrée au répertoire de l’Opéra National du Capitole. Ce spectacle court (1h40) reprend un épisode célèbre de l’Histoire romaine : le viol de la patricienne Lucrèce par le tyran Tarquin qui indigna le peuple de Rome qui s’insurgea et put mettre fin à la royauté étrusque pour instaurer la république.
Anne Delbée donne à cette œuvre toute sa force tragique avec une distribution particulièrement époustouflante et une scénographie étonnante, mélangeant les époques et les influences stylistiques. Bravo pour ce pari audacieux et relevé avec succès.
Et vous, qu’avez-vous vu ou lu de beau pendant ce joli mois de mai ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Mazette, un sacré mois !