La douzième édition du Marathon des mots a débuté hier à Toulouse. Cette année, l’Afrique et sa diaspora sont à l’honneur avec des lectures et des rencontres pendant quatre jours aux couleurs africaines.
A chaque heure, dans tous les coins de la ville, auteurs, comédiens et chanteurs viennent lire des textes, que ce soit dans les bibliothèques toulousaines, dans les théâtres, dans les librairies ou dans des endroits plus insolites comme la chapelle des Carmélites.
Jusqu’à dimanche, vous pourrez entendre les textes d’auteurs d’origine africaine ou qui ont été inspirés par l’Afrique : Lucy Mushita et NoViolet Bulawayo (Zimbabwe), Chimamanda Ngozi Adichie, Leye Adenle, Rotimi Babatunde, Armelle Abibou et Chigozie Obioma (Nigeria), Tahar Ben Jelloun (Maroc), Gamal Ghitany (Egypte), Beata Umubyeyi Mairesse et Scholastique Mukasonga (Rwanda), Felwine Sarr (Sénégal), Abdourahman Waberi (Djibouti), Sami Tchak (Togo), Olufemi Terry (Sierra Leone) et plein d’autres encore.
D’autres moments sont également consacrés à la pensée et à la culture afro-américaine avec des incursions en Haïti et aux Caraïbes, mais aussi une rétrospective sur les années Obama aux Etats-Unis.
Dick Annegarn
Pour ma part, j’ai commencé ce marathon en allant écouter Les Amis du Verbe au Théâtre Sorano, dans une session de lecture intitulée L’Afrique imaginaire, conçue à partir de chansons populaires des années 80. Emmenés par le chanteur Dick Annegarn et le journaliste Bertrand Dicale, Les Amis du Verbe ont interprété ces chansons, révélant dans leur lecture les clichés et les fantasmes culturels nichés dans l’inconscient de la chanson française, même chez des interprètes chez qui on ne peut soupçonner la moindre intention raciste. Ainsi avons-nous pu entendre des standards des Jean Ferrat (A moi l’Afrique), Serge Gainsbourg, Michel Sardou (Afrique Adieu), Rose Laurens (Africa), Matthieu Chédid (Mama Sam), Alain Barrière (Viva Ouagadougou) ou encore France Gaal (Babacar). Difficile de ne pas sourire en entendant réellement ce que disent ces tubes.
Bertrand Dicale
Les lectures étaient intercalées de prises de paroles et de chansons en créole et en haoussa. Dick Annegarn a inauguré la soirée en interprétant un blues à vous faire frissonner. Céline Languedoc a chanté en créole. Medhi Série nous a ému avec des slams de sa composition. Bertrand Dicale nous a fait réfléchir sur les questions d’ascendances et de descendance (quand cesse-t-on d’être un descendant d’esclave quand on est métis de la Guadeloupe ?). Mais je retiendrai surtout les témoignages de Mamadou Alpha Dialo, un jeune nigérien arrivé récemment en France après un parcours mouvementé à travers l’Afrique pour regagner l’Europe, qui a rendu un bel hommage à ses ancêtres africains et à sa famille d’accueil française, comme un trait d’union entre deux continents et deux cultures.
Vous avez jusqu’à dimanche 26 juin pour profiter de cette nouvelle édition du Marathon des mots (cliquez pour voir le programme) qui met l’Afrique à l’honneur dans la ville rose et va raviver – j’en suis sûr – vos envies de lecture et peut-être de voyage !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Merci de me faire vivre un peu le festival de loin ! 🙂
Je vais finalement rater une partie de la programmation car je serai ce week-end à Paris… une obscure histoire de mariage à Bamako, ou quelque chose dans le genre… Mais je suis ravi d’avoir assisté à cette lecture haute en émotions !