Avec huit spectacles, le mois de mars a été bien rempli. Chaque spectacle était très différent dans son genre, de quoi donner un bilan culturel très éclectique. Classiques de la littérature française, créations contemporaines, spectacles d’humour, opéra-ballet, concert classique… et je ne reviens même pas sur le concert délirant de Julien Doré dont Charlotte nous a fait la chronique exaltée ici. C’est parti pour le bilan culturel du mois de mars 2022 !
L’Angoisse du roi Salomon, d’Émile Ajar (Romain Gary) par Denis Rey
Denis Rey revient sur les planches du Théâtre du Pavé avec un autre texte d’Émile Ajar. Après le très réussi Gros-Câlin, il incarne un nouveau personnage attachant qui témoigne de son amitié avec Monsieur Salomon, le roi du pantalon. Ce vieux juif du sentier a survécu à la shoah et connu le succès dans le textile, mais il a une revanche à prendre sur Dieu. Le roi Salomon fait désormais dans la bienfaisance, histoire de montrer au Tout-Puissant que quand on veut, on peut !
La performance de Denis Rey est, une fois de plus, excellente. Il passe d’un rôle à l’autre en un battement de cil. Tous les personnages vivent sous nos yeux, nous émeuvent et nous amusent.
J’accuse [FRANCE], d’Annick Lefebvre par Sébastien Bournac
Cinq femmes prennent la parole pour faire un état des lieux de la société contemporaine. J’accuse est une succession de monologues percutants qui mettent au tapis les préjugés et les stéréotypes. Après le succès de J’accuse [QUÉBEC] et J’accuse [BELGIQUE], c’est au tour de la France de regarder ses femmes les yeux dans les yeux.
Platée, de Jean-Philippe Rameau par Corinne et Gilles Benizio
De la culture et du rire, c’est le cocktail idéal inscrit dans l’ADN de Culture déconfiture. Ici, la partition musicale classique de Jean-Philippe Rameau rencontre l’humour et l’univers music-hall de Shirley et Dino. L’histoire est cruelle, puisqu’on passe deux heures à se moquer de la laide et naïve Platée, qui a la bêtise de se croire aimée du roi des Dieux. Même Junon, l’épouse jalouse, ne pourra que rire d’un adultère aussi ridicule.
Le chef d’orchestre Hervé Niquet donne de sa personne pour faire de cet opéra-ballet un vrai show qui a totalement transporté le public toulousain. Les chorégraphies, signées Kader Belarbi, étaient à la hauteur de ce pari osé d’inviter la bouffonnerie à l’opéra.
Meurice 2027, par Guillaume Meurice
En pleine période électorale, le trublion Guillaume Meurice se lance en campagne. Oui, mais pour l’élection de 2027, car il n’a pas eu les parrainages nécessaires pour celle de 2022. Il dézingue tour à tour tous le paysage politique du moment et les électeurs ne sont pas en reste.
Plein de mauvaise foi, passablement misogyne, Meurice a fait salle comble au Bascala (Bruguières) avec son humour politiquement incorrect.
Celle de Cristal, d’Anne Cameron
Voici un récit douloureux, le souvenir de jeunesse d’un passage par la psychiatrie. Lila Janvier donne vie au personnage principal de cette pièce qui, dans son asile, va rencontrer des personnages atypiques et fragiles, dont une jeune fille qui la hantera le reste de sa vie et qu’elle surnommera « celle de cristal ». Trois acteurs talentueux (Jean-Claude Bastos, Roland Gigoi et Dominique Taillemite) l’accompagnent dans la reconstitution de ce souvenir douloureux et morcelé.
Promenade scandinave
Je suis très heureux d’avoir assisté à ce concert des Clefs de Saint-Pierre. Cinq musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse sont réunis en formation d’orchestre de chambre pour nous faire découvrir les pays scandinaves au son du hautbois, du basson, de la flûte, du cor et de la clarinette. Au programme, un quintette d’Otto Mortensen (Danemark), des danses norvégiennes op. 35 d’Edward Grieg, le Wind Quintet n°1 de Kelevi Aho (Finlande) et le quintet op. 43 de Carl Nielsen (Danemark).
Le roi se meurt, d’Eugène Ionesco mis en scène par Francis Azéma
Charlotte et moi avions adoré ce spectacle en 2018. Repris ce mois-ci au Théâtre du Pavé, les recettes de la représentation du 29 mars ont même été reversées au profit du peuple ukrainien. Un geste que l’on ne peut que saluer et soutenir.
En deux heures, le roi Béranger doit se faire à l’idée que le moment est venu de mourir. Entouré des deux femmes de sa vie, de son médecin et de sa servante Juliette, il passe par toutes les phases du déni à l’acceptation. Un texte en équilibre entre émotion et humour, comme on les aime !
Contes et légendes, de Joël Pommerat
Je vais voir ce spectacle en cette fin semaine. Vous connaissez ma passion pour Joël Pommerat qui m’a marqué à vie avec son spectacle Ça ira (1) Fin de Louis en 2015 et ses magnifiques réécritures de contes pour la scène (Cendrillon, Pinocchio, Le Petit chaperon rouge). Je vous reparle très vite de Contes et légendes sur le blog !
1922, de Stephen King
Charlotte m’a offert le recueil Nuit noire, étoiles mortes pour mon dernier anniversaire. J’ai lu ce mois-ci la première nouvelle de ce recueil et, comme à chaque Stephen King que j’ai lu jusqu’à présent, j’ai été totalement emballé. En 1922, Wilfred a assassiné sa femme Arlette avec la complicité de leur fils de 15 ans, Henry. Puis il a jeté le corps au fond d’un puits. Je ne vous spoile rien, tout cela est expliqué dès les premières lignes de l’histoire. Tout le récit va être la confession de Wilfred : comment lui et Henry en sont-ils arrivés là et quelles conséquences ce meurtre a eu sur leurs vies de veuf et d’orphelin. Musophobes, abstenez-vous !
Jalousie, de Marcel Proust
Ce roman bref reprend les 200 premières pages de Sodome et Gomorrhe. Il s’agit essentiellement du récit d’une soirée mondaine à laquelle le narrateur assiste en compagnie des Guermantes (Oriane, Basin, Palamède, la princesse…) puis on entre le cœur du sujet dans les toutes dernières pages du texte, consacrées à Albertine et à ses mensonges.
Même si Jalousie n’est pas un inédit comme je le pensais, j’ai quand même eu beaucoup de plaisir à me replonger dans l’univers de la Recherche.
**********
Voilà un mois bien rempli sur le plan culturel. Je ne vous ai même pas parlé des expositions qui étaient au programme : l’hyperréalisme à Lyon, Thierry Mugler à Paris et les arts de l’Islam à Toulouse…
Et vous, quels étaient vos plaisirs culturels ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Le concert de Julien Doré bien entendu ! J’ai aussi lu 2 merveilles de romans ce mois-ci, Belle infidèle de Romane Lafore et Réelle de Guillaume Sire. Il faut vraiment que j’en fasse rapidement les chroniques, c’était de très très très belles lectures.