Fabcaro est de retour et nous entraîne avec Moon River sur le tournage d’un western. Aves son humour potache, absurde ou décalé, Fabrice Caro pastiche cette fois-ci les polars de mauvaise qualité.
Fabcaro, le serial comique revient avec Moon River
Nous vous avons déjà parlé à de nombreuses reprises de Fabcaro. La première fois, c’était en 2015 avec la bande dessinée Zaï zaï zaï zaï, un “road movie” adapté depuis au théâtre et que l’on verra bientôt au cinéma. Nous l’avions suivi dans son délire sur la vie de couple dans Moins qu’hier (plus que demain), puis sa satire des repas de famille en BD avec Formica, une tragédie en trois actes et en roman cet été avec Le Discours.
Ce sont désormais les enquêtes policières cousues de fil blanc qui l’ont inspiré pour cet album paru en septembre 2021. Avec son style de dessin très proche du roman photo des années 80, Fabcaro nous entraîne sur le plateau de tournage d’un western au cours duquel l’actrice principale subit une mystérieuse agression. Le lieutenant Baxter vient sur les lieux pour mener l’enquête.
Une mystérieuse agression et un dessinateur qui patauge
Betty Pennyway se réveille un matin avec un scandaleux graffiti sur le visage : un agresseur a dessiné une bite sur sa joue avec un feutre indélébile. Le tournage du western dans lequel elle joue peut-il continuer ? Qui cherche à lui nuire de la sorte ? À qui profite le crime ?
On retrouve dans cet album toutes les étapes canoniques de l’enquête policière : les interrogatoires, les faux-semblants… le tout truffé de gags sur les tracas de la vie quotidienne. C’est là que Fabcaro est le plus fort. L’enquête est sans cesse retardée par les absurdités de tous les jours : l’utilisation d’un langage formaté et politiquement correct, les magazines à scandale et leurs news toutes moisies, les discours réactionnaires ou complotistes…
Fabcaro reprend aussi des gags que l’on a déjà lus dans ses albums précédents : personnages qui prennent des positions absurdes pour dialoguer, cascades automobiles et équines abracadabrantesques… C’est là que l’auteur prend du recul avec son œuvre. Il interrompt l’action principale pour se représenter face à ses doutes d’artiste, ses incertitudes et celles de son entourage (ses filles, ses amis, les journalistes…). N’est-il pas arrivé au bout de ce qu’il avait à dire ?
Ces questions sont légitimes, et le tour de force de Fabcaro est de faire de ce défaut un nouvel élément de comique et d’autodérision… Mais bon, faudra pas qu’il nous ressorte ça à chaque album non plus, hein !
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En bref, si vous avez aimé les albums précédents de Fabcaro, n’hésitez pas à découvrir Moon River. Vous y trouverez la même saveur et le même humour même si c’est moins surprenant maintenant qu’on en connaît les ficelles.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.