Marc décide un jour de surprendre sa femme Agnès. Il rase la moustache qui orne son visage depuis des dizaines d’années. Comment va-t-elle réagir en voyant le nouveau visage de son mari ? Or, quand il sort de la salle de bain, Agnès n’a aucune réaction. Elle semble n’avoir même pas vu la différence. Soit ! C’est l’arroseur arrosé, Marc préfère rentrer dans le jeu de sa femme pour voir combien de temps elle tiendra à feindre l’indifférence. Sur ce, Agnès et Marc partent dîner chez Serge et Véronique. Là encore, aucune réaction, personne ne fait de remarque sur cette moustache rasée… Agnès aurait-elle mis ses amis dans le coup ? Lorsque la patience de Marc est à bout et qu’il parle le soir même de cet incident avec Agnès, celle-ci s’étonne : « De quelle moustache parles-tu ? Tu n’as jamais eu de moustache. » Complot pervers, folie passagère, Marc va tout mettre en œuvre pour démêler le vrai du faux dans ce thriller moustachu !
J’ai découvert le roman La Moustache d’Emmanuel Carrère tout à fait par hasard cet été, alors que je me promenais dans le Lot. Je suis tombé à Vers sur une ancienne cabine téléphonique transformée en bibliothèque éphémère (j’adore le principe). En fouillant parmi les livres déposés, je suis tombé sur cet ouvrage qui m’a tout de suite intrigué. Je connaissais le film La Moustache, réalisé par l’auteur lui-même, dans lequel jouent Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, avec une musique de Philip Glass. J’avais également déjà lu La classe de neige, qui m’avait un peu glacé le sang. Je me suis donc approprié avec plaisir cet exemplaire de La Moustache, que j’avais hâte de lire.
La force d’écriture d’Emmanuel Carrère réside dans sa faculté à retranscrire avec justesse les rouages psychologiques de ses personnages. Ces derniers s’interrogent sur ce qu’ils voient et sont perpétuellement dans le doute. Faut-il faire confiance à nos sens, à notre esprit, ou sommes-nous dans l’erreur et la paranoïa ? Le roman prend un virage à 180 degrés dans son dernier tiers qui ne m’a pas totalement plu et qui diffère un chouia de la version cinématographique. Mais les deux premiers tiers relèvent vraiment d’un tour de force littéraire ! Nous captiver avec une histoire de moustache, c’est quand même une preuve de talent, non ?
Si vous aimez Emmanuel Carrère, Charlotte nous parlait sur le blog de Limonov pour lequel il a reçu le prix Renaudot en 2011, et d’Un roman russe paru en 2007 qui l’avait partagée. Et vous, quel roman, d’Emmanuel Carrère nous conseillez-vous ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
4 comments
Ô tu m’intrigues avec ce Limonov !
Comment ça je t’intrigue ? C’est toi qui as écrit l’article ! 🙂
Héhé
Allychachoo vous me rendez fou !!!! 🙂 si un jour je rase ma moustache, je me méfierai de toi !