Le Ring de Wagner en 1876.
Les Nibelungen de Fritz Lang en 1924.
Le Seigneur des anneaux de Tolkien en 1954.
Trois œuvres qui empruntent au même patrimoine et à la même source : l’Edda poétique, un recueil de poèmes en vieux norrois (du vieil islandais, si vous préférez) qui fonde la mythologie scandinave. Parmi ses légendes les plus connues, il y a celle d’un anneau maléfique qui peut vous rendre invisible mais qui sème également le malheur.
Dimanche 4 février 2018, les deux films de Fritz Lang (La mort de Siegfried et La Vengeance de Kriemhild, réalisés entre 1922 et 1924) seront projetés dans la salle du théâtre du Capitole de Toulouse dans une version restaurée et colorisée. Le film muet sera accompagné de musique improvisée, jouée en direct par Karol Beffa au piano. De quoi revivifier une légende passionnante, alors même que le Théâtre du Capitole programme cette semaine l’opéra La Walkyrie de Wagner.
Si l’on reprend le mythe à la source, voilà en substance ce qu’il raconte :
1. L’anneau fut forgé :
Dans des temps immémoriaux, un nain maléfique de la race des Nibelungen renonça à l’amour, seul moyen de s’emparer de l’or du Rhin. Il forgea alors un anneau maléfique qui lui conféra de nombreux pouvoir et un heaume qui pouvait le rendre aussi invisible que la nuit et le brouillard. Puis il se terra dans les entrailles de la terre.
2. Un dragon fut terrassé :
Le prince Siegfried (ou Sigurd dans la version norroise) rassembla les morceaux d’une épée légendaire pour la reforger et partit combattre un cruel dragon qui terrifiait le monde. Il le vainquit et se baigna dans son sang, ce qui le rendit invulnérable (sauf une petite partie de son dos, sur laquelle une feuille de tilleul s’était collée). Il s’enfonça ensuite dans les profondeurs de la terre où il s’empara du trésor des Nibelungen. Siegfried devint ainsi le détenteur d’une colossale fortune.
3. Deux mariages furent célébrés :
Siegfried convoita la main de la princesse burgonde Kriemhild, mais Gunther, le frère de cette dernière, ne lui accorda le mariage qu’à condition que Siegfried l’aide d’abord à conquérir Brunhilde, une reine Amazone islandaise indomptable régnant dans un cercle de feu. Grâce à son pouvoir d’invincibilité, Siegfried traversa le feu et conquit l’Amazone. Il l’offrit à Gunther et put épouser la princesse Kriemhild. Le trésor des Nibelungen fut donné aux Burgondes qui le cachèrent dans le Rhin.
4. La jalousie de deux femmes conduisit à un bain de sang :
Brunhilde se sentit trahie d’avoir été délivrée par le héros Siegfried puis d’avoir été cédée à un autre homme. Elle fomenta le meurtre de Siegfried, avec l’aide de Gunther. Le félon Hagen obtint de Kriemhild le secret de son seul point faible (la partie de son dos qui n’avait pas été baignée dans le sang du dragon) et profita d’une partie de chasse pour abattre le héros en le transperçant de sa lance. Brunhilde, prise de remords, se suicida. La veuve Kriemhild prit quant à elle un nouveau mari (Attila, roi des Huns) et fit massacrer tous ceux qui avaient contribué à la mort de Siegfried (d’abord le traitre Hagen, puis son frère Gunther et enfin tout le peuple des Burgondes). Tout le monde périt. La dépouille de Kriemhild fut ramenée auprès de Siegfried à qui elle n’avait jamais cessé d’appartenir. Le palais royal fut incendié et l’or maudit des Nibelungen fut oublié dans le Rhin… Gare à celui qui retrouvera l’anneau maléfique !
Alors, ça vous rappelle quelque chose ? Et où serez-vous le 4 février prochain ? Viendrez-vous redécouvrir la malédiction des Nibelungen ?
15h : La mort de Siegfried / 20h : La Vengeance de Kriemhild / Tarif unique (partie 1 et 2) : 15 €
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.