Gros mois culturel sur Culture déconfiture. Outre deux expositions parisiennes (Tolkien à la Bnf et les Vampires à la Cinémathèque française), nous avons vu 5 spectacles et lu (ou relu) 2 classiques. Bref, il est temps de faire le bilan culturel du mois de novembre !
La nuit du cerf, par le Cirque Roux : Au confluent de la danse, du cirque et du théâtre, La nuit du cerf est un spectacle un peu fou au cours duquel un playboy hollywoodien nous raconte les circonstances au cours desquelles il a été tué. Au programme, du suspense donc, mais surtout des sueurs froides devants d’impressionnants numéros de voltige ou d’équilibre. La plupart des interprètes, qui nous avaient déjà bluffé dans le spectacle Traces, sont tout aussi époustouflants dans cette pièce qui joue sur tous les registres.
Le porteur d’histoire, d’Alexis Michalik : Le Molière du meilleur spectacle en 2014 n’a pas été volé, et le succès ne le dément pas. Voilà cinq ans que le spectacle triomphe à Paris et affiche complet à chaque représentation. C’est vraiment une pièce rocambolesque dans laquelle on retrouve le souffle d’un roman d’Alexandre Dumas 🙂 Un minimum de moyens (6 acteurs seulement) pour un maximum d’effets (une ribambelle de personnages et des récits enchâssés à en perdre la tête). A voir, incontestablement.
La DOUBLE inconstance, de Marivaux par Galin Stoev : Le directeur du Théâtre de la Cité (Toulouse) revient à ses premières amours avec ce classique de Marivaux. Clairement, la lecture qu’il fait de cette pièce est très noire : l’amour n’est qu’un faux-semblant, un défi pour aristocrates qui s’ennuient. Il y a du Laclos dans cette lecture de La DOUBLE inconstance, et je ne suis pas tout à fait convaincu que ce discours soit fidèle à l’esprit de l’oeuvre. Mais Stoev a le mérite d’aller au bout de sa proposition, aussi radicale soit-elle. Enfermés dans un bocal au milieu d’un laboratoire, Arlequin et Silvia deviennent les cobayes du prince et de Flaminia, qui vont tout mettre en oeuvre pour dissoudre leur amour et détruire ce qu’il reste d’humain et de naturel en eux…
Le scorpion dans la maison, de Roland Gigoi : L’auteur et interprète propose un spectacle autobiographique sur des souvenirs d’enfance très durs et interroge son rapport avec son père dont il a subi les sévices. Le spectacle est émaillé d’enregistrements du passés, de photos, mais aussi de poèmes d’Henri Michaux. Un moment tout en sobriété et en émotions qui a bouleversé la Cave Poésie (Toulouse) où nous l’avons vu.
Dialogues des Carmélites, de Francis Poulenc par Olivier Py : D’après un récit de Bernanos, Poulenc a écrit un opéra que Py a mis en scène. Blanche de la Force, effrayée par les événements révolutionnaires de la fin du dix-huitième siècle, décide d’entrer au Carmel et de se consacrer à Dieu. Mais le sanctuaire dans lequel elle espérait trouver la paix est rattrapé par la fièvre du siècle qui fait table rase de l’ancien monde. Avec beaucoup de piété, Olivier Py met somptueusement en scène cet opéra, chaleureusement applaudi par le public toulousain.
La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette : Classique parmi les classiques, mais aussi ennuyeux parmi les ennuyeux. Autant j’ai adoré La princesse de Montpensier, autant ce roman-ci me tombe des mains. C’est bien écrit, c’est plutôt subtil dans l’analyse des sentiments, mais voilà, ça ne me parle absolument pas.
L’oeuf dur, d’Eugène Ionesco : En son temps, Eugène Ionesco a écrit un scénario de film sur un sujet des plus inattendus : l’oeuf dur ! De l’achat chez le crémier aux conséquences sur la santé, en passant par les consignes de la cuisson, il développe avec précision chaque étape de la préparation d’un oeuf dur. Le film n’a apparemment jamais été tourné, mais pas de doute que, s’il l’avait été, il aurait remporté un Golden Globe, a minima 🙂
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Et vous, qu’avez-vous découvert de beau en novembre ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.