Le mois de novembre 2020 n’est pas celui dont je puisse être le plus fier en matière de bilan culturel… En effet, j’ai quand même passé le plus clair de mon temps dans mon canapé à binge-watcher des séries pas toutes de très bonne qualité. Dans un ordre décroissant, ça commencerait par l’excellente mini-série Le jeu de la dame (Netflix), puis la série policière Jour Polaire (Canal Plus), la satirique Parlement (France TV), La Flamme (avec Jonathan Cohen en Bachelor-tête-à-claque sur Canal Plus) et enfin la déjà datée série You (Netflix). Le tout en continuant de suivre, au fil des semaines, l’interminable série This is us (Canal Plus) qui en est déjà à sa cinquième saison. Il faut dire que, par temps de confinement, les perspectives de sorties culturelles (et donc de découvertes vraiment intéressantes) sont plutôt limitées… alors on fait avec ce qu’on a. N’empêche, faudrait pas que ça dure jusqu’en 2022 !
Heureusement, il reste un plaisir dont on ne nous privera pas : la lecture ! Même si les librairies étaient fermées, j’ai suffisamment de réserves dans ma PAL pour alimenter ma bibliophilie pendant plusieurs mois à venir (et là pour le coup, je pense que je peux tenir jusqu’en 2022) ! C’est donc parti pour un nouveau bilan culturel qui, disons-le tout de go, sera exclusivement littéraire.
La visite de la vieille dame, de Friedrich Dürrenmatt :
Du théâtre pour commencer ! Ce n’est pas parce que les salles de spectacle sont fermées qu’il faut se priver de se faire son petit théâtre dans sa tête. Et on est là sur une pièce d’une incroyable efficacité. Une véritable comédie écrite à l’acide sulfurique. Dans une petite ville en faillite, une vieille dame propose plusieurs milliards à quiconque acceptera de tuer Alfred Ill, l’épicier que tout le monde connaît, apprécie et respecte. L’éthique et l’amitié saura-t-elle résister à cette terrible proposition ?
Le joueur d’échecs, de Stefan Sweig :
Si la série Le jeu de la dame a eu une vertu, c’est bien celle de m’avoir donné envie de relire l’excellent Joueur d’échecs de Stefan Sweig. En une centaine de pages, l’auteur dresse le portrait psychologique de deux joueurs à la psyché fascinante : l’un, champion du monde, totalement crétin ; l’autre, simple amateur, sensiblement schizophrène. L’occasion aussi de parler de la situation politique en Europe au milieu du vingtième siècle en pleine horreur nazie. Tout un programme !
Open bar, 1re tournée, de Fabcaro :
Fabcaro, l’auteur de Zaï zaï zaï zaï, de Moins qu’hier (plus que demain) et de Formica a encore frappé avec son humour décalé. A chaque planche, une nouvelle situation absurde et pourtant tellement vraie. Tout commence par des parents qui ne veulent pas voir l’éléphant dans la salade de leur fils… Bref, vous avez compris le principe. Moi, j’adore !
L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, de Robert Louis Stevenson :
Là encore, c’est une vieille lecture d’adolescent dans laquelle je me suis replongé avec délice. Evidemment, il n’y a aujourd’hui plus aucun suspense quant au mystère qui unit les deux personnages principaux de cette nouvelle anglaise. Et pourtant, le récit de cette enquête est toujours aussi captivant. A tel point que cette histoire est aujourd’hui passée au rang de mythe littéraire universel, comme Don Quichotte, Dracula ou Madame Bovary. En somme, un chef-d’œuvre.
Œdipe Roi, de Sophocle :
Finalement, on en revient toujours aux classiques ! Avec Sophocle, autant dire qu’on est sur du classique de chez classique ! Une ville frappée par une épidémie, un chef d’état qui doit prendre des mesures sanitaires et qui s’est marié à une femme qui aurait l’âge d’être sa mère : oui, il s’agit bien d’Emmanuel Macron du roi Œdipe face au plus gros défi de son règne. Et comme c’est un excellent souverain, il sait prendre ses responsabilités : se crever les yeux, abandonner le pouvoir et s’exiler loin, dans un endroit où l’on n’entendra plus jamais parler de lui. Bref, une excellente leçon de politique dont certains devraient s’inspirer par les temps qui courent.
De Goupil à Margot, de Louis Pergaud :
Sous-titré Histoires de bêtes, ce recueil de nouvelle a été auréolé du prix Goncourt 1910. A travers 8 histoires plus ou moins longues, l’auteur nous fait vivre des aventures à hauteur d’animal : un renard, une grenouille, une fouine, une taupe, etc. Sorte de Roman de Renart dans une version naturaliste, je dois avouer que je n’ai pas été totalement captivé par le destin de ces bestioles, même si le style est en revanche des plus plaisants. La seule nouvelle qui m’a vraiment intéressé est la dernière, l’histoire de Margot, une pie capturée par un braconnier qui en fait la bête de foire de son bistrot. Chaque nouvelle nous montre la cruauté des humains et laisse à penser que le plus bestial entre l’homme et l’animal n’est jamais celui que l’on croit…
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Voilà pour mon bilan culturel de novembre 2020. Et vous, qu’avez-vous découvert ou redécouvert ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.