Drôle de mois de novembre… Des journées d’été ont succédé à des journées d’hiver, à ne plus bien comprendre en quelle saison nous sommes. L’état du monde n’est pas plus compréhensible. Côté culturel, pas vraiment du coup de cœur au cinéma ni au théâtre. Heureusement, un peu de musique a égayé cette période maussade. C’est parti pour le bilan culturel du mois de novembre.
Napoléon, de Ridley Scott
Les critiques tombent et sont totalement contradictoires. Tant mieux, quand un film fait l’unanimité c’est généralement mauvais signe. Je suis donc allé dans une salle obscure pour me faire ma propre opinion. Et franchement, je n’ai pas détesté. Même si le film est très éloigné d’une quelconque réalité historique, la vision qu’en donne Ridley Scott m’a semblé assez originale.
Et si tous les choix de Napoléon n’avaient été guidés que par la passion amoureuse et son besoin d’impressionner Joséphine ? C’est selon ce postulat que Scott a abordé son sujet, irritant les plus conservateurs et réjouissant les fans de belles images. Et vous, comment l’avez-vous vécu ?
Mars Express, de Jérémie Périn
Le film Mars Express est une sacrée déception. Les graphismes et l’animation sont originaux, c’est un fait ! Un mélange de 2D et de 3D. Et qu’est-ce que c’est laid ! Je ne comprends pas que les critiques soient aussi dithyrambiques à propos de ce film inepte, ennuyeux et moche. Quand on repense à Ghost in the Shell, qui a déjà presque 30 ans, on ne peut que déplorer le recul technique, scénaristique et philosophique. Dommage, les bons films de SF commencent à me manquer !
Les scénaristes devraient jeter un œil du côté de Mathieu Bablet pour voir ce que c’est qu’un bon récit de science-fiction…
Richard III, de William Shakespeare par Guillaume Séverac-Schmitz
Tragédie du pouvoir, Richard III, a été présenté dans une version jeune (dans la lecture comme dans l’interprétation). Entre le grand spectacle et le stand-up, Guillaume Séverac-Schmitz nous livre une lecture très littérale du texte de Shakespeare qui plaît aux ados mais qui laissent les spectateurs matures un peu sur leur faim. On ne s’ennuie pas, le rythme est bon, mais la performance n’est franchement pas mémorable.
Nicolas Bouchaud dans le rôle de Iago dans l’Othello présenté au cours de la saison dernière était un séducteur nettement plus convaincant et inquiétant.
Amathia, de Sonia Belzkaya par Dominique Habouzit
L’Éducation Nationale et son personnel ne vont pas bien, c’est un fait et personne ne le conteste ! Sonia Belzkaya a interrogé des enseignants pour transformer leur témoignage en pièce de théâtre que Dominique Habouzit a mis en scène. Ce qu’on en retient ? C’est que ce sont les profs qui tiennent les murs d’une institution qui, sans eux, s’écroulerait. L’image est jolie. Passé ce constat, que retient-on ? Personnellement, pas grand chose…
Beyond, de Jakub Józef Orliński
Le contre-ténor iconoclaste a repris dans ce récital les morceaux de son dernier album Beyond, accompagné par l’Ensemble Il Pomo d’oro. Bien que la performance ne soit pas celle d’un Philippe Jaroussky ni d’un Christophe Dumaux, son style continue de plaire et d’attirer les foules.
Charismatique et sympathique, Jakub Józef Orliński a toutes les qualités pour s’attirer la bienveillance des spectateurs.
Temps et éternité, Les chemins de Bach, saison 3, par l’Ensemble Pygmalion
Jamais une saison musicale sans Pygmalion ! Cette fois, ce sont les deux Bach (Johannes Christoph et Johannes Sebastian) qui sont à l’honneur avec leurs cantates magnifiquement interprétées par le chœur. Comme toujours avec Raphaël Pichon, on a vécu l’un des moments les plus sublimes de la saison ! Vivement l’année prochaine !
Boris Godounov, de Modeste Moussorgski par Olivier Py
En 2 heures sans entracte, Moussorgski nous fait entendre l’accession au pouvoir et la chute du tsar Boris Godounov. Olivier Py à la mise en scène mise tout sur un symbolisme binaire : l’or du pouvoir autoritaire et le béton du peuple asservi. Machinations et mauvaise conscience au programme de cet opéra puissant, adapté de la non moins célèbre pièce de Pouchkine. Les représentations se poursuivent encore jusqu’au 3 décembre.
L’Iris Blanc, de Fabcaro et Didier Conrad
Je ne suis pas lecteur d’Astérix, mais quand j’ai vu que Fabcaro avait pris les commandes, je me suis dit « pourquoi pas ». Au final, j’ai compris pourquoi je n’avais pas lu les albums précédents… Non pas que la lecture soit déplaisante, mais le dessin est vieillot et l’intrigue peu palpitante. J’ai compris que la bien-pensance de notre époque était dans la ligne de mire de l’auteur, mais je n’ai pas vraiment saisi le pourquoi… Pourquoi est-il ridicule de vouloir bien manger ? D’avoir une vie saine ? De régler ses différends par le dialogue plutôt que par les coups ?
Aux yeux de Fabcaro, tout ceci serait une faiblesse et une dénaturation de l’esprit gaulois… mouais, je n’ai pas été convaincu par la démonstration. Si vous avez trouvé ça drôle, n’hésitez pas à me faire partager votre avis, je serai curieux d’en discuter !
Œdipe Roi, de Sophocle
Eh oui, pas une année sans que je vous parle au moins une fois d’Œdipe Roi de Sophocle ! Parce qu’il y a des œuvres comme ça auxquelles il faut perpétuellement revenir, parce qu’elles sont la quintessence de l’art total. Il y a tout dans Œdipe Roi : du rythme, du souffle, du style, une leçon de vie intemporelle… Si vous ne l’avez jamais lu, découvrez le de toute urgence. Et vous, verrez, comme moi, vous y reviendrez tous les ans !
Fables, livre VII de La Fontaine
Là encore, il y a des œuvres qui traversent les siècles et dont on se régale avec toujours autant de plaisir. Pendant ce mois de novembre, j’ai donc relu le livre VII des Fables de La Fontaine, classique parmi les classiques. Son premier poème est peut-être l’un des plus célèbres de son auteur : « Les Animaux malades de la Peste ». On y comprend également mieux la fameuse expression de « La Mouche du coche » ou la morale de « La Laitière et le Pot au lait ».
Parmi mes fables préférées, celle des « Deux Coqs » qui réinvente et détourne si bien le style épique d’Homère. Et puis à une époque où même le Ministre de la Justice doit répondre de ses actes devant un tribunal, j’ai bien aimé relire la fable du « Chat, la Belette et le Petit Lapin ».
Et vous, quelles sont vos fables préférées ?
J’espère que le mois de décembre me réservera des surprises culturelles plus enthousiasmantes que novembre. Et vous, qu’avez-vous lu ou vu de beau ce mois-ci ? Qu’avez-vous prévu d’aller voir le mois prochain ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
4 comments
Je me suis pris L’Iris blanc il y a quelques jours, c’est ma prochaine lecture !
Hâte de savoir ce que tu en auras pensé !
Je crois que je préfère le timbre d’Orlinski à celui de Jarusski… et il n’a pas encore son expérience. J’aime ce souffle de modernité qu’il insuffle!
Oui, ce sont deux générations différentes. C’est sûr qu’il y a un style tout à fait inédit dans la manière dont Orlinski aborde les choses. Cela explique d’ailleurs une partie de son succès, car le public aussi a changé et ce qu’il fait est certainement plus en phase avec l’air du temps.