Avec un peu de retard en raison d’un bug passager, voici le bilan culturel du mois d’octobre. Ce fut un petit mois très sympa avec deux films, du théâtre et des concerts. Pendant ce temps, Charlotte nous parlait des séries qu’elle a regardées sur Netflix et sur Amazon Prime. C’est parti pour le bilan culturel !
Mourir peut attendre, de Cary Joji Fukunaga
Je ne suis pas un grand connaisseur des films de James Bond, mais celui-ci m’a paru des plus confus… Il clôt l’ensemble des films dans lesquels Daniel Craig prête ses traits au célèbre agent secret, dans un ultime affrontement contre Spectre, l’organisation criminelle qui le tyrannise depuis plusieurs années. On retrouve dans cet opus de nombreux personnages récurrents dont Madeleine Swann (incarnée par Léa Seydoux) qui est ici au cœur du scénario.
Tous les plans ressemblent à une publicité pour une paire de lunettes, une montre, un objet technologique… Le réalisateur use et abuse des contre-jours pour dramatiser les scènes d’amour / de désespoir / d’émotion / de voiture qui roule dans un paysage digne d’un catalogue d’agence de voyage…
Si vous n’aimez pas l’originalité, ce film est peut-être fait pour vous.
The French Dispatch, de Wes Anderson
The French Dispatch est le deuxième film avec Léa Seydoux que j’ai vu ce mois-ci. Deux films, deux ambiances. Même si je ne suis pas un grand fan de cette actrice, il faut avouer qu’elle gère très bien le grand-écart stylistique entre James Bond et Wes Anderson.
Ce film choral est particulièrement beau : chaque plan est un bijou de photographie, les personnages sont tous parfaitement croqués et interprétés. The French Dispatch est vraiment une œuvre d’art exceptionnelle visuellement.
Là où le film pèche, c’est sans doute au niveau du scénario. Le métrage est une succession de courts récits sans queue ni tête (le seul lien entre eux est qu’ils constituent ensemble les pages d’un journal, le fameux “French Dispatch”) qui raconte des anecdotes se déroulant dans la petite ville française d’Ennui-sur-Blasé.
Si le film est à prendre au deuxième degré, je ne me suis pas particulièrement esclaffé au fil des gags de son histoire. Malgré son esthétique hors du commun, c’est la première fois que je me suis vraiment ennuyé devant un film de Wes Anderson… mais peut-être était-ce son projet en choisissant de situer son action dans une ville qui s’appelle Ennui.
Vania, une même nuit nous attend tous, d’après Anton Tchekhov par By Collectif
Oncle Vania de Tchekhov est vraisemblablement l’une de mes pièces de théâtre préférées. J’adore chacun de ses personnages et surtout la tension qui règne dans cette famille dont on devine le passé par bribes au fil des dialogues. Le groupe By Collectif en a fait une pièce bien plus rythmée que ce à quoi on est habitués quand on va voir du Tchekhov. Bye bye les pauses silencieuses, les moments d’attente, le sentiment de langueur… Ici, tout va à cent à l’heures, ça crie, ça remue, ça danse sur du Raffealla Carra (A far l’amore comincia tu)… bref, on dirait que les acteurs ont pris un malin plaisir à prendre le contre-pied des attentes et force est de constater que ça fonctionne du tonnerre.
Dans un dispositif tri-frontal, le groupe By Collectif interroge la place de l’individu dans le groupe (ici, la cellule familiale) et nous fait entendre d’une nouvelle façon le texte de Tchekhov.
Any Attempt will end in crushed bodies and shattered bones, de Jan Martens
Grand moment de danse avec de nombreux solos, des marches très répétitives mais aussi de grands tableaux collectifs. Sur la musique du clavecin, les danseurs s’inspirent des gestes de manifestants chinois pour créer une chorégraphie qui a galvanisé le Théâtre de la Cité. Dans le choix des couleurs (gris et rouge) mais aussi la structure répétitive, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon ballet préféré : In the Upper Room de Twyla Tharp mis en musique par Philip Glass. Forcément, Any Attempt will end in crusched bodies and shattered bones partait sur de bonnes bases pour me plaire.
Mon seul regret, des textes et un discours qui sonnaient malheureusement un peu creux… Alors que le travail très riche des costumes, des lumières et de la chorégraphie aurait pu porter un message plus puissant.
Finding Harmony, par The King’s Singers
Les six chanteurs de The King’s Singers nous ont donné rendez-vous à l’auditorium de Saint-Pierre-des-Cuisines pour entonner des chants d’alliance, de la Réforme protestante en Europe dans les années 1500 au mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Ensemble, Finfing Harmony prouve à quel point nous pouvons être émus par toutes sortes d’histoires lorsque les chansons nous relient à elles, aux autres et aux lieux d’où nous venons.
Parmi les chants que j’ai aimé découvrir, il y a S’Dremlen feygl que je vous partage ci-dessus, une berceuse créée pour les orphelins de la Shoah.
Sabine Devieilhe et l’Ensemble Pygmalion
Rendez-vous musical incontournable de mes nuits toulousaines, l’Ensemble Pygmalion était de retour à la Halle aux Grains à la fin du mois d’octobre pour un concert qui clôturait une tournée consacrée à Bach et Haendel. Autour de la soprano Sabine Devieilhe, dix-neuf musiciens virtuoses dirigés par le perfectionniste Raphael Pichon, pour un moment de musique exceptionnel.
Pas de doute, pour la prochaine venue de l’Ensemble Pygmalion à Toulouse, nous serons encore au rendez-vous !
Woodkid au Zénith
Dernier spectacle du mois d’octobre : le concert de Woodkid au Zénith, un spectacle reporté de l’année 2020. Je ne sais pas si vous fêtiez Halloween le soir du 31 octobre mais pour ma part, j’étais au concert de ce génie de la musique qui reprenait les plus grands tubes de son premier album The Golden Age et ceux de son deuxième album (que j’écoute en boucle depuis sa sortie) intitulé S16.
Petit moment comique : la première partie assurée par Awir Leon, qui a eu le malheur d’interpeler son public toulousain en demandant : “Vous êtes là, Bordeaux ?” Une boulette qui a amusé plus qu’elle n’a vexé les spectateurs en liesse et qui n’a pas manqué d’inspirer Woodkid qui l’a ensuite charrié gentiment tout au long de la soirée !
Et vous, votre mois d’octobre culturel, c’était comment ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.