Attention, on est parti pour un bilan culturel hors norme. Avec la Biennale internationale des Arts vivants de Toulouse, le mois d’octobre a été exceptionnellement riche sur le plan culturel ! Peu de lectures et de films au cinéma, certes… mais un maximum de spectacles vivants : 10 pièces de théâtre, 4 ballets, 1 opéra, 1 spectacle de music hall et 2 concerts ! On fait le bilan.
Phèdre ! de François Gremaud
Quel plaisir de renouer avec ce spectacle que j’avais beaucoup aimé, dans lequel Romain Daroles nous fait redécouvrir mythologie et théâtre classique dans un stand-up à la fois drôle et intelligent. Le spectacle tourne depuis des années, ne manquez pas d’aller le voir s’il passe près de chez vous !
La Collection, Le Vélomoteur et Le Téléphone à cadran rotatif, du Collectif BPM
Le collectif BPM ressuscite le temps de 2 courtes scènes deux objets du vingtième siècle : le vélomoteur et le téléphone à cadran rotatif. Captivant et drôle, ce trio arrive à nous faire imaginer tout un univers à partir d’une scène nue. Et si finalement c’était ça, la quintessence du théâtre ?
Société en chantier, Stefan Kaegi (Rimini Protokoll)
Le Théâtre de la Cité fut momentanément métamorphosé en chantier. D’atelier en atelier, on découvre les dessous des chantiers de construction, du concept à la réalisation concrète, en passant par le financement (et la corruption). Un spectacle instructif, édifiant et immersif !
Giselle… de François Gremaud
Sur le même modèle de Phèdre !, François Gremaud nous fait découvrir le grand ballet romantique Giselle en mettant cette fois en scène la danseuse Samantha van Wissen et quatre musiciennes. En 1h40, vous avez la sensation d’avoir vu et compris le ballet sans pour autant y avoir assisté ! Une performance très réussie.
Pourceaugnac ! d’après Molière par Francis Azéma
2022 est une année Molière, car nous fêtons les 400 ans de la naissance du grand dramaturge. Depuis plusieurs mois, le Théâtre du Pavé vous fait redécouvrir les chefs-d’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin, y compris les moins célèbres, comme ce cruel Monsieur de Pourceaugnac où un provincial est tourné en ridicule par d’impitoyables Parisiens… pour le plus grand plaisir du public !
LOVE, d’Alexander Zeldin
Alexander Zeldin nous immerge dans un centre social anglais et nous fait partager le quotidien de familles en difficulté… Si vous aimez Ken Loach, avec LOVE vous basculez de l’autre côté de l’écran.
Les Doubles vies du chat de Schrödinger, de Bénédicte Mayer par Muriel Benazeraf
Voilà un spectacle pour réconcilier littérature et science, en convoquant à la fois les figures de grands scientifiques (Einstein, Pauli, Schrödinger…) et auteur de génie (Fernando Pessoa). Sur le mode du cabaret, découvrez comment le célèbre chat peut être à la fois mort et vivant.
Allegretto, de François Gremaud
François Gremaud était l’invité principal de la Biennale internationale des Arts vivants de Toulouse Occitanie, c’est pourquoi il a présenté un spectacle inédit, Allegretto, où il partage avec le public sa passion pour la Septième Symphonie de Beethoven mais aussi (et surtout) le film Zardoz dont il conviendra au public de décider à la fin du spectacle si c’est un chef-d’œuvre ou un navet…
Une histoire d’amour, d’Alexis Michalik
Je suis toujours curieux de voir du théâtre « parisien ». Surtout quand le spectacle en question a reçu un Molière, genre de récompense dont je me méfie particulièrement. Une histoire d’amour, c’est l’utilisation en veux-tu en voilà de perruques, de décors, de musiques célèbres histoire de vous faire tirer la larmichette. C’est plutôt réussi dans le genre. Mais faut adhérer au genre… Et moi, je suis plutôt sorti de la salle avec l’impression d’avoir vu un téléfilm. On a vu tellement de pièces inventives ce mois-ci que cette Histoire d’amour faisait vraiment pâle figure à côté.
Rachel, danser avec nos morts, par By Collectif
By Collectif s’est inspiré du film de Jonathan Demme Rachel se marie pour écrire cette pièce. Bien que la compagnie s’en défende, on est très proche de l’original (je n’ai d’ailleurs pas compris pourquoi le film n’est pas mentionné sur le programme ni sur le site internet de la compagnie). Le spectacle est extrêmement émouvant et en même temps très drôle, les acteurs sont vraiment très bons… J’ai vu Rachel juste après avoir vu Une histoire d’amour de Michalik et les deux pièces abordent des thèmes similaires : liens familiaux, deuil, présence fantomatique, désir… Sur les 2 pièces, l’une est plus réussie que l’autre. D’après mes critiques, saurez-vous deviner laquelle ?
Drag Race France
Le Légendaire Cabaret Club a été un grand moment festif du mois d’octobre : les 10 finalistes du concours Drag Race France étaient réunies au Casino Barrière pour leur grand show, présenté par Nicky Doll. Un grand moment de joie et de sororité réunissant un large public LGBTQIA+ et tou(te)s leurs allié(e)s !
OSCAR. A solo for 3. 3 solos in 1. It could be me, anyone, and everyone, d’Arno Schuitemaker
Je n’avais jamais vu de ballet comme celui-ci, où vous partagez le plateau avec les danseurs. Ce trio diffuse une énergie enivrante. Entre spectacle et expérience, je vous recommande vivement d’aller voir O S C A R s’il passe près de chez vous ! C’est un vrai coup de cœur.
Via Injabulo, førm Inførms / Emaphakathini, de Via Katlehong
La compagnie sud-africaine Via Katlehong a invité deux chorégraphes pour mettre en scène deux courts ballets pour une soirée de clôture endiablée. Après 15 jours de festival avec la Biennale internationale des Arts vivants de Toulouse Occitanie, ce spectacle a été comme le bouquet final d’un feu d’artifice ! Génial !
Roméo et Juliette, de Serge Prokofiev par Jean-Christophe Maillot
Le Ballet du Capitole a fait sa rentrée avec ce grand classique de la danse, revu par le chorégraphe Jean-Christophe Maillot. L’idée originale : faire de Frère Laurent le fil rouge de la tragédie, écartelé entre son désir de réconcilier les Capulet avec les Montaigu et le pressentiment que tout peut finir mal… Le spectacle est encore à l’affiche jusqu’au 3 novembre à l’Opéra National du Capitole.
Waking World, par Youn Sun Nah
J’écoute souvent Youn Sun Nah, mais c’est une dimension supplémentaire de la découvrir en live ! Youn Sun Nah est l’une des chanteuses les plus talentueuses de sa génération et son concert a donné le coup d’envoi au festival Jazz sur son 31. Une artiste exceptionnelle !
Rusalka, d’Antonin Dvořák par Stefano Poda
Je pense avoir rarement vu un opéra plus beau en terme de scénographie. Ce spectacle est si beau que je suis même allé deux dimanches consécutifs au Théâtre du Capitole pour profiter de Rusalka, opéra inspiré du conte de La Petite sirène. Découvrez plus de photos dans l’article consacré à cet événement de la rentrée.
Mein Traum, par l’Ensemble Pygmalion
Temps suspendu à la Halle aux Grains avec Mein Traum, concert imaginé par Raphaël Pichon et Stéphane Degout. En liant les compositions de Schubert, Weber et Schumann, l’Ensemble Pygmalion a entraîné le public toulousain dans une rêverie musicale magnifique. Comme pour tous les concerts de Pygmalion, j’ai eu le sentiment de vivre un moment exceptionnel !
Halloween Ends, de David Gordon Green
À chaque Halloween, c’est un peu une tradition… C’est la treizième fois qu’un film Halloween sort sur nos écrans, plus de quarante ans après la sortie du premier du nom, signé Carpenter.
Le tueur masqué est de retour et Jamie Lee Curtis a encore du souci à se faire car, croyez-moi si vous voulez, c’est encore après elle qu’il en a ! Survivra-t-elle une fois de plus au psychopathe ? Ce film met-il vraiment un point final à la saga ? En tous cas, j’ai pris le même plaisir naïf à sursauter devant ce film qui nous ressort les mêmes ingrédients.
Thor : Love and Thunder, de Taika Waititi
Probablement l’un des épisodes les plus crétins du MCU… mais certainement amusant à regarder avec des enfants en très bas âge ou des adolescents en plein âge bête. Thor doit faire face à un tueur de dieux qui a enlevé tous les enfants d’Asgard afin de tendre un piège au dieu de la foudre. On croise dans cet épisode une multitude de personnages (les Gardiens de la Galaxie, Zeus, le dieu des raviolis, des chèvres totalement débiles…). Grandement dispensable, sauf si vous aimez les navets.
La Maison Golden, de Salman Rushdie
On a tous été choqués par l’attentat dont Salman Rushdie a été victime le mois dernier. Depuis plusieurs décennies, l’auteur est menacé de mort après la publication des Versets sataniques. Avec La Maison Golden, il signe un tableau au vitriol de l’Amérique contemporaine, de l’élection de Barack Obama à celle de Donald Trump. Je me suis un peu perdu dans ce roman aux nombreuses digressions et je vous en dis plus très prochainement.
Et vous, comment s’est passé votre mois d’octobre sur le plan culturel ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.