Quel mois culturel ! Avec la Biennale des Arts Vivants organisée par les théâtres toulousains, le grand week-end des Machines et autres événements culturels divers, nous avons vu 11 spectacles en octobre. C’est parti pour le bilan culturel !
Have a good day ! de Vaiva Grainytė, Lina Lapelytė & Rugilė Barzdžiukaitė
Un opéra pour caissière en lituanien surtitré, c’est comme ça que notre mois d’octobre a commencé ! Original, c’est bien le mot. Et c’est pour ça qu’on aime la Biennale. À chaque édition, les théâtres nous surprennent avec des propositions qui sortent de l’ordinaire.
The End – Part 2, de Arno Schuitemaker
Alors que j’avais été totalement hypnotisé par OSCAR, puis assez déçu par la vacuité de 30 appearances out of darkness, le ballet The End – Part 2 a été un entre deux qui a su me séduire par sa musique et ses chorégraphies sensuelles. Mais d’un spectacle à l’autre, j’ai quand même l’impression qu’Arno Schuitemaker peine à réinventer son vocabulaire dansé. Qu’en pensez-vous ?
Nachlass, de Rimini Protokoll
Spectacle de théâtre ou installation d’art contemporain ? On est un peu entre les deux avec Nachlass. En petits groupes (moins de 10 personnes), nous avons été invités à visiter 8 petites salles scénographiées dans lesquelles des personnes nous livrent leur testament. Des témoignages parfois très émouvants. Même si les 8 histoires n’ont pas fait mouche, tout le monde a été remué par au moins une des histoires racontées dans ce spectacle original.
Minga de una casa en ruinas, d’Ébana Garín Coronel & Luis Guenel Soto
Étais-je trop fatigué par ma semaine ? Ou le spectacle était-il vraiment trop peu dynamique ? Je ne sais pas… en tous cas j’ai très vite décroché et me suis beaucoup ennuyé avec cette histoire de maison en ruine et cette tradition sud-américaine de la minga. Dommage.
Koulounisation, de Salim Djaferi
La grosse claque de cette Biennale, ce fut indiscutablement Koulounisation. Sous forme de conférence sur la linguistique, Salim Djaferi a su aborder de manière redoutable la question de la colonisation et la manière dont les mots façonnent notre vision de l’Histoire. J’espère que ce spectacle sera reprogrammé à Toulouse dans les années à venir, car je rêve de le faire redécouvrir des tonnes de gens et d’élèves !
Exit Above, d’après la Tempête, d’Anne Teresa de Keersmaeker
Je sais que le spectacle n’a pas convaincu tout le monde, mais pour moi qui n’avais jamais vu de pièce d’Anne Teresa de Keersmaeker, je dois dire que ça a fonctionné du tonnerre ! J’ai été ému aux larmes (de joie) pendant ce ballet où tous les aspects ont fait mouche : musique, scénographie, costumes, etc. Je comprends pourquoi cette chorégraphe belge est considérée comme une figure importante de la danse contemporaine ! Bravo.
Passacale de la Follie, avec Philippe Jaroussky & Christina Pluhar
Instruments anciens, répertoire du siècle de Louis XIII, Philippe Jaroussky et Christina Pluhar nous ont réservé un concert extrêmement agréable à la Halle aux Grains. J’ai particulièrement apprécié le petit bonus des rappels, où la gambiste Lixsania Fernández a donné de la voix pour chanter Bésame mucho en duo avec le contre-ténor. Excellent.
Grégory, par By Collectif
On en a fait des films, des reportages, des chansons… cette fois, c’est au théâtre que l’affaire Grégory Villemin est adaptée. La compagnie By Collectif nous plonge au cœur du comité de rédaction du journal Libération et interroge notre rapport aux médias. Ce spectacle m’a un peu moins marqué que Vania, une même nuit nous attend tous (d’après Tchekhov) et Rachel, danser avec nos morts (d’après le film Rachel se marie), tant dans la forme que dans le propos.
Les gros patinent bien, de Pierre Guillois & Olivier Martin-Salvan
Cette pièce qui a reçu un Molière en 2022 était de retour ce mois-ci pour 3 représentations exceptionnelles au Sorano. Quel régal ! Ce spectacle, c’est vraiment la définition du spectacle tout public de qualité. Petits et grands, tout le monde est ressorti émerveillé par ce cabaret de carton totalement loufoque et absurde.
Sémiramis & Don Juan, par le Ballet de l’Opéra national du Capitole
Que s’est-il passé pour que ce ballet se vende si mal ? Le choix des pièces était-il trop audacieux ? La communication a-t-elle failli ? La concurrence du spectacle monumental des machines a-t-elle joué en la défaveur du ballet ? En tous cas, pendant la première semaine, l’Opéra du Capitole a eu beaucoup de mal à remplir la salle et a même dû brader les places à -50%. J’ai d’ailleurs saisi cette occasion pour aller voir ce spectacle et me faire ma propre idée. Quelle merveille pourtant que ces deux ballets, magnifiés par une scénographie très léchée (allez voir les photos dans cet article). Il faut croire que le bouche à oreille a bien fonctionné, parce que la deuxième semaine s’est beaucoup mieux vendue que la première. Et on est très content pour les artistes, car ces ballets méritaient de rencontrer le succès !
Le Gardien du Temple, opus 2 : la porte des Ténèbres, par la Compagnie la Machine
Quel bazar ! L’initiative était sympa (on se souvient à quel point le premier opus en 2018 nous avait enthousiasmés), mais il y a eu cette année un gros bug dans l’organisation. Le projet de la géante Lilith était d’ouvrir une porte sur les Enfers : on peut dire qu’elle a réussi ! Toulouse était totalement impraticable pendant 3 jours et il était quasiment impossible d’assister aux scènes du spectacle puisque les lieux et les horaires avaient été tenus secrets (au moins pendant les deux premiers jours).
S’il y a une nouvelle édition dans quelques années, pourvu que les organisateurs en tirent quelques leçons, car ça fait tout de même du bien de voir que certains artistes veulent proposer des spectacles ambitieux et populaires !
Et vous, qu’avez-vous vu pendant ce très riche mois d’octobre 2024 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.