Toulousaines, Toulousains, il est urgent d’aller faire un tour au Musée des Abattoirs. Actuellement, deux expositions particulièrement captivantes ont attiré mon attention. La première, consacrée à la photo, s’intitule Ouvrir les yeux et est proposée en collaboration avec Le Château d’Eau. La seconde, plus pop, est une carte blanche laissée à Olivio Ordoñez, célèbre rappeur toulousain et esthète de longue date, qui s’intitule Le Musée imaginaire d’Oli. On vous dit tout ce qu’il faut savoir sur ces deux expos.
Le Musée imaginaire d’Oli, jusqu’au 4 mai 2025
Lors de ma visite au Musée des Abattoirs le week-end dernier, j’ai eu la chance de découvrir Le Musée imaginaire d’Oli, une exposition singulière qui marie art contemporain et culture rap. Olivio Ordoñez, célèbre rappeur du duo Bigflo & Oli (dont Allychachoo vous parle souvent ici dès qu’ils sortent un album, quand ils viennent au Zénith ou bien quand ils remplissent le Stadium), a été invité à poser son regard personnel sur les collections du musée, créant une expérience à la fois originale et intime.
Ce qui m’a d’emblée marqué, c’est la manière dont l’exposition reflète la sensibilité artistique d’Oli. Les œuvres exposées, choisies selon ses souvenirs, ses émotions et son lien au rap, tissent des ponts inattendus entre des univers souvent perçus comme éloignés. Chaque salle semble être une page d’un récit où la famille, l’enfance, Toulouse et la diversité culturelle sont célébrés, en écho aux thèmes chers au duo.
Ce qui m’a amusé, c’est que comme Oli, j’ai beaucoup fréquenté le Musée des Abattoirs au début des années 2000, et les grandes expositions qui ont marqué mon parcours d’esthète sont les mêmes que les siennes : la fameuse expo Rose en 2001 ou bien l’expo du Royal de Luxe en 2004 (la catapulte à piano, c’était quand même quelque chose !).
Warhol a été un peu ma porte d’entrée sur l’art.
Oli
Je me rappelle avoir eu un coup de cœur en cours et faire un exposé sur lui et le Pop Art !
J’avais acheté un t-shirt de son pot de soupe de tomates que je lâchais plus.
Tout au long de la visite, les œuvres dialoguent avec les visiteurs, transcendant les barrières et les codes pour offrir une vision plurielle de l’art. Ce qui rend l’exposition particulièrement vivante, c’est la manière dont Oli a conçu son musée comme une autobiographie artistique. Une chanson et un clip inédits rendent d’ailleurs compte de ce rapport très intime à l’art contemporain. En parcourant les œuvres, on sent qu’Oli s’affranchit des conventions pour raconter sa propre histoire, mêlant souvenirs personnels et réinterprétation de l’histoire de l’art. Cette approche m’a invité, moi aussi, à imaginer mon musée idéal, à m’interroger sur la manière dont l’art peut résonner avec nos vies.
Petit bonus : il y a, au bout de la visite, un espace où les visiteurs peuvent à leur tour exprimer leur talent artistique grâce aux petites cartes imaginées par Pierre Mortel, et même se faire tirer le portrait dans un photomaton gratuit ! Très sympa, à l’image de l’artiste d’ailleurs…
Ouvrir les yeux, jusqu’au 18 mai 2025
Avant de plonger dans le Musée imaginaire d’Oli, j’ai déambulé au rez-de-chaussée pour découvrir une exposition exceptionnelle qui célèbre le patrimoine photographique des Abattoirs et de la Galerie Le Château d’Eau. Ce dialogue inédit entre deux institutions emblématiques offre un voyage à travers l’histoire de la photographie, du début du XXe siècle à nos jours. Une seule règle : ouvrir les yeux !
Dès les premières salles, j’ai été impressionné par la richesse et la diversité des œuvres exposées. Des artistes mondialement connus comme Robert Doisneau, Sophie Calle ou Hans Bellmer côtoient des photographes à (re)découvrir tels que Gaël Bonnefon ou Laura Henno. Chaque cliché raconte une histoire unique, oscillant entre l’intime, l’archive et la mise en scène.
L’exposition ne se contente pas de juxtaposer des œuvres. Elle propose un parcours thématique qui souligne à la fois les convergences entre les collections des deux institutions et leurs singularités respectives. Le musée des Abattoirs, avec son orientation tournée vers l’art moderne et contemporain, offre un contraste fascinant avec l’approche plus historique et documentaire de la Galerie du Château d’Eau, fondée par le photographe Jean Dieuzaide.
Parmi les œuvres qui m’ont marqué, certaines explorent l’identité, d’autres jouent avec les limites de l’abstraction ou interrogent la relation entre corps et espace.
Que ce soit à travers un reportage poignant, une image saisissante de mise en scène ou une abstraction graphique, chaque pièce questionne la manière dont nous percevons et interprétons le monde à travers l’objectif. J’ai particulièrement aimé l’installation du chilien Alfredo Jaar intitulée Paysage, une œuvre quasiment indescriptible, mais saisissante une fois qu’on y est confronté (les photographies ne sont jamais perceptibles dans leur totalité, inversées par des jeux de miroir trop étroits pour les refléter en totalité).
Ce n’est pas cette exposition qui m’a fait venir initialement au musée, mais j’ai été finalement plus impressionné par cette grande rétrospective que par l’expo d’Oli, plus légère dans le fond… Mais finalement, n’est-ce pas là l’ADN de Culture déconfiture ? Un savant équilibre entre une culture classique et un esprit pop sans prise de tête… Le Musée des Abattoirs a parfaitement répondu à nos goût éclectiques.
Pas de doute, si vous allez visiter ces expositions en famille ou entre amis, chacun y trouvera son compte ! Laquelle vous tente le plus ? Celle d’Olivio Ordoñez ou bien l’expo photos ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
C’est clairement le musée imaginaire qui nous amènera aux Abattoirs pendant les vacances avec les enfants !