Cela faisait un peu plus de quinze ans que je n’avais pas vu ni entendu Elektra de Richard Strauss. Il faut dire que cet opéra en un acte est un morceau de bravoure et les metteurs en scène qui s’y sont essayé ne sont pas si nombreux. Mais lorsque j’ai vu sur l’affiche qu’Elektra était mis en scène par Michel Fau, je n’ai pas hésité ! Depuis son Récital Emphatique, j’essaye de voir la plupart de ses spectacles. Lorsque le Capitole a accueilli il y a deux ans son Ariane à Naxos (du même Richard Strauss), je me suis littéralement régalé ! Je ne voulais donc pas rater ce nouveau spectacle.
Que raconte l’opéra Elektra ?
L’opéra est une tragédie inspirée de plusieurs pièces antiques : Les Choéphores d’Eschyle et Electre de Sophocle. Toutes deux racontent l’histoire d’Electre, fille d’Agamemnon, qui attend le retour de son frère Oreste pour accomplir une funeste vengeance. Dix ans plus tôt Clytemnestre, la mère d’Electre et Oreste a assassiné leur père Agamemnon. Le crime n’a jamais été puni et Oreste a été exilé dans un lointain royaume. Electre ne peut compter que sur sa sœur Chrysothémis, mais cette dernière craint Clytemnestre et n’ose pas aider Electre dans son projet meurtrier.
Soudain, une fête se prépare au palais de la reine. La mort d’Oreste vient d’être annoncée, il a été piétiné par ses propres chevaux. Clytemnestre ne craint plus la vengeance de son fils et sait que sans lui, Electre est impuissante. C’est sans compter sur la malice d’Oreste qui n’a fait que simuler sa mort afin d’atteindre Clytemnestre par surprise, ainsi que son amant le roi Egisthe.
En un acte, la vengeance s’accomplit tandis qu’Electre, enfin, exulte !
Une mise en scène puissante de la tragédie
Aucun doute : pour mettre en scène la tragédie, Michel Fau est l’homme de la situation ! Sur une scène couverte de traces de sang, les pieds d’une statue brisée sont les derniers vestiges du règne d’Agamemnon. Au milieu du plateau, le gisant du roi et une fosse dans laquelle Electre semble préparer sa propre tombe, ou celle de ses ennemis. Tout se joue en avant-scène et derrière un grand rideau peint de corps écorchés, on devine par transparence l’Orchestre National du Capitole qui, contrairement à Electre, a eu exceptionnellement le droit de sortie de la sienne, de fosse !
La distribution est époustouflante, en particulier Ricarda Merbeth dans le rôle d’Elektra qui occupe la scène pendant les 1h50 du spectacle ! Un véritable tour de force ! Avec sa peau exsangue, ses cheveux noirs et ses yeux cernés, on a vraiment l’impression de voir une revenante… Impression renforcée par sa robe blanche de mariée décadente, trépassées avant ses noces.
Mon avis sur Elektra au Théâtre du Capitole
Pour incarner les autres personnages, le metteur en scène a joué la carte de l’outrance. Robe et cheveux rouge sang pour Violeta Urmana (Clytemnestre). Tenue et chevelure violette pour Sarah Kuffner dans le rôle de la confidente maléfique de la reine.
La musique, puissante, renforce la dimension tragique du spectacle ! Epuisante pour certains, dissonante pour d’autres, elle donne à la tragédie toute sa somptuosité jusqu’à la dernière note, qui retentit comme un coup d’éclat et un soulagement.
Vous l’avez compris, une fois encore Michel Fau ne m’a pas déçu dans cet exercice périlleux qu’était la mise en scène d’Elektra de Strauss. Le spectacle reste à l’affiche du Théâtre du Capitole jusqu’au 4 juillet 2021 et il reste encore quelques places. N’hésitez donc pas à réserver la vôtre et à aller découvrir cette tragédie majestueuse et puissante !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.