Ah ! Paolo Sorrentino… Ce n’est évidemment pas la première fois que je vous parle de ce génie du cinéma italien. Il y a 10 ans (déjà), j’avais consacré une petite chronique au film Youth et à la série The Young Pope. Avec Parthenope, Paolo Sorrentino renoue avec l’esprit de son chef-d’œuvre La Grande Bellezza, à ceci près qu’il ne nous invite plus à Rome mais nous plonge dans un Naples sublimé, où la frontière entre le réel et le rêve s’efface. Le cinéaste italien, fidèle à son style baroque et lyrique, tisse le portrait d’une jeune femme dont la beauté envoûtante et la quête d’identité résonnent comme un écho à la sirène légendaire du même nom.
Parthenope : une photographie somptueuse
Selon la légende homérique, Parthenope était l’une des sirènes qui tenta de séduire Ulysse. Désespérée par l’indifférence du beau marin, on dit qu’elle se noya, que son corps dériva, et que là où il s’échoua fut fondée la ville de Naples. C’est en référence à cette déesse tutélaire du sud de l’Italie que l’héroïne de ce film est baptisée… un nom qui résonne comme une malédiction.
Dès les premières images, Parthenope captive par son esthétique. Même si on sait que c’est la signature de Sorrentino, on ne peut s’empêcher d’être surpris par chaque plan. La première heure, qui raconte un été idéal, est sublime à chaque instant. Chaque plan est une œuvre d’art, baignée d’une lumière dorée qui évoque la chaleur méditerranéenne et l’éclat d’un âge d’or fantasmé. Naples y apparaît comme un personnage à part entière, vibrant sous l’œil du chef opérateur Daria D’Antonio. La composition des cadres, la gestion du clair-obscur et les jeux de reflets dans l’eau confèrent au film une aura onirique. Et le casting, aïe aïe aïe !
Une héroïne inoubliable
Si la photographie est un ravissement, l’interprétation de Celeste Dalla Porta en Parthenope est tout aussi remarquable. L’actrice crève l’écran par sa présence magnétique, capturant avec justesse les contradictions de son personnage : à la fois mystérieuse et profondément humaine, forte et vulnérable. Son regard, chargé d’émotions, transcende les dialogues et donne au film une intensité rare.
Pour lui donner la réplique, le reste du casting ne démérite pas. Ses compagnons de jeunesse, joués par Daniele Rienzo et Dario Aita, sont magnétiques. Mais j’ai surtout été ému par Gary Oldman, en romancier sur le déclin dont interprétation est vraiment sur le fil du rasoir.
Une mise en scène élégante et maîtrisée
Sorrentino signe ici une œuvre où le rythme contemplatif s’accorde à la richesse des images. Il déploie sa mise en scène avec une précision millimétrée, jouant sur la lenteur des mouvements de caméra et la musicalité des silences. Chaque séquence semble suspendue dans le temps, comme un tableau vivant.
Bon, je dois dire qu’arrivé au terme des 2 heures ¼ du film, je me suis demandé où Sorrentino voulait en venir avec ce portrait un peu décousu et ces scènes d’une grande vacuité. Mais il faut garder à l’esprit que Parthenope n’est pas seulement un film, c’est une expérience sensorielle sur la nostalgie & le sens de la vie. Entre poésie visuelle et portrait initiatique, Sorrentino nous offre un voyage hypnotique porté par une héroïne inoubliable, qui habite encore l’esprit bien après le générique de fin.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.