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Peau d’homme, la BD d’Hubert et Zanzim [CRITIQUE]

by Julien
Peau d homme bd

Bande-dessinée phénomène de 2020, Peau d’homme est une petite merveille ! Dans l’Italie renaissante, la jeune Bianca doit épouser Giovanni. Comme le veut la coutume de cette époque, les fiancés ne se connaissent car leur mariage a été arrangé par leurs familles. Si Bianca se réjouit d’avoir pour fiancé un homme jeune (certaines jeunes filles épousent des hommes plus âgés que leur père), elle est un peu inquiète du caractère de ce futur mari. Qu’à cela ne tienne, la marraine de Bianca a en sa possession une peau d’homme, une sorte de costume magique que les femmes de la famille se lèguent depuis de nombreuses générations et qu’il suffit d’enfiler pour se faire passer pour un être du sexe fort. Ainsi, Bianca travestie devient Lorenzo, et c’est sous cette identité qu’elle va se rapprocher de Giovanni, sympathiser avec lui, et découvrir incognito son vrai visage.

Du Marivaux revisité

En tant que fan de Marivaux, impossible de ne pas voir des similitudes entre Peau d’homme et La Fausse suivante, comédie dans laquelle une jeune femme use d’un travestissement similaire pour découvrir le véritable visage de son fiancé. J’adore le principe : porter un masque pour mieux démasquer les autres !

Mais là où Hubert et Zanzim (les auteurs de la BD) renouvellent le genre, c’est lorsque Bianca découvre davantage de choses sur elle-même que sur son fiancé. Car être un homme ou être une femme (à la Renaissance comme aujourd’hui), c’est une toute autre expérience du monde et une autre relation à soi-même. Bianca prend peu à peu conscience des carcans qui enferment les êtres de son sexe, au point de devenir véritablement accro à cette peau d’homme qui lui permet enfin d’être qui elle veut vraiment.

Vers l’émancipation

Mais petit à petit, la BD va plus loin… car Bianca démasque des ennemis de son sexe à tous les étages de la société. Il y a d’abord sa mère, bien sûr, qui n’approuve pas qu’une jeune femme veuille connaître son mari et être aimée de lui. Pour elle, une femme doit tenir sa place et accomplir son métier : donner une descendance.

Mais il y a aussi son frère, Fra Angelo, un prêtre intégriste qui voit en chaque femme une tentatrice, une fille d’Eve qui plonge Florence dans la décadence. Si Bianca est impuissante sous sa véritable identité pour affronter son influent frère, sa voix trouve un tout autre écho lorsqu’elle devient Lorenzo.

Avec humour et poésie, ce récit nous fait réfléchir aux stéréotypes de genres et de couples. C’est malin, c’est très facile à lire, et cela peut être mis entre toutes les mains. Foncez, sans hésitation !

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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2 comments

Alexandra 23 mars 2021 - 13 h 03 min

Chouette chronique et bien joué le parallèle avec Marivaux !

Reply
Julien 23 mars 2021 - 14 h 57 min

Merci 🙂 C’est mon toc, je vois des parallèles avec Marivaux partout !

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