Je ne pensais pas que l’on pouvait autant rire avec Phèdre ! Je ne parle pas du chef-d’œuvre de Racine, mais bien du délirant seul en scène de François Gremaud, interprété par Romain Daroles.
Chronique d’un retour au théâtre
Hier soir, j’étais au Théâtre de la Cité (Toulouse) pour voir cette pièce qui cartonne depuis plusieurs années. J’avais initialement prévu de la voir en mars dernier, mais confinement oblige la représentation a été annulée. Heureusement, le théâtre a rouvert ses portes ce mois-ci et nous propose une programmation exceptionnelle pour rattraper le temps perdu.
Entrés dans la salle un peu après 18h (le couvre-feu est toujours en vigueur), l’ouvreuse nous invite d’abord à nous saisir chacun d’une enveloppe blanche, format A5, posée à l’entrée de la salle. Une consigne : vous n’aurez le droit de l’ouvrir que lorsque le comédien vous le demandera… J’étais déjà tout excité comme un enfant la veille de Noël ! Quoiqu’il y ait dans l’enveloppe, j’étais heureux comme tout de cette petite attention !
Nous nous sommes installés dans cette grande salle toulousaine : deux sièges vides entre deux groupes de spectateurs. Au final, on a l’impression que la salle est presque remplie, alors qu’en réalité la jauge est limitée à 35 % … L’enthousiasme, lui, est à 100 % ! À 18h30, la lumière s’éteint et la magie opère.
Le dispositif scénique est très simple : un large espace blanc au sol, une table en bois. C’est tout ! Et pourtant, avec la magie des mots, le décor se met rapidement en place (en imagination du moins, c’est du théâtre hein !). Vous entendez soudain les oiseaux marins, le vent sur la mer Egée, vous avez l’impression de voir le soleil se lever sur la ville de Trézène où se déroule l’action.
Une réécriture géniale
Car oui, comme dans le fameux Phèdre de Jean Racine, Phèdre ! se déroule également à Trézène. Même cadre, mêmes personnages… il y a même des alexandrins dans la pièce ! Mais le registre est sensiblement différent. Romain Daroles incarne tour à tour tous les personnages : d’Œnone à Hippolyte en passant par Phèdre, de Thésée et l’indispensable Panope, tous sont incarnés à un moment donné et sont tous à mourir de rire. J’ai adoré la version très marseillaise d’Œnone et le roi Thésée plus proche de De Niro que d’un personnage de la plus pure tradition classique. Je trouvais que Michel Fau avait mis la barre très haut en incarnant une Phèdre décapante dans son Récital emphatique, mais Romain Daroles a su clairement se hisser à sa hauteur !
Un rire toutes les 10 secondes
Les 5 actes défilent à une vitesse incroyable (100 minutes au total pour faire revivre la tragédie sous nos yeux) et rend l’histoire parfaitement compréhensible, même aux béotiens. Pas un instant de repos dans cette version entre le classique et la pop, dans laquelle on entend des échos de Racine bien sûr, mais aussi de Dalida, Aznavour, Gainsbourg et Cloclo entre autres !
Bref, voici un spectacle à recommander très vivement, à voir en famille, en sortie scolaire, avec des amis… Mêmes les allergiques au théâtre adoreront cette comédie qui, de surcroît, ne se prive pas d’être intelligente et accessible à tous !
Au fait vous allez me dire : et alors dans cette enveloppe, qu’est-ce qu’il y avait ?! Bin allez voir le spectacle si vous voulez vraiment le savoir ! En tous cas, la salle a explosé de rire en l’ouvrant, c’est tout ce que je peux vous révéler !
Et vous, êtes-vous retournés au théâtre depuis la réouverture ? Qu’avez-vous vu ou qu’allez vous voir ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Il donne envie ton retour au théâtre !
En ce moment il y a Godot au Pavé, si tu veux qu’on se le cale ensemble. Je te laisse regarder les dates et les disponibilités si ça t’intéresse 😉