Hier soir, j’étais à la Halle aux Grains de Toulouse pour assister au concert guitare-voix de Philippe Jaroussky et Thibaut Garcia ! Le premier, grand contre-ténor, fête ses vingt ans de carrière. Le second est un jeune guitariste toulousain dont le début de carrière est extrêmement prometteur ! Ensemble, ils ont revisité les chants de Dowland, Poulenc, Purcell, Mozart… en allant jusqu’à Barbara et Kosma !
Jaroussky, contre-ténor en toute simplicité
À sa guitare tire son nom d’un morceau du compositeur Francis Poulenc et sied particulièrement à ce concert très sobre. Pas de manières dans ce spectacle très épuré. Il y a moins d’un an, nous vous parlions du concert d’un autre contre-ténor qui a le vent en poupe : Jakub Jósef Orliński et son style très pop. Le duo Jaroussky-Garcia a plutôt misé sur le minimalisme pour orchestrer à deux une soirée sans faute !
Avec une vingtaine de chansons d’une incroyable subtilité, les deux musiciens ont couvert quatre siècles en puisant dans les répertoires français, britanniques, autrichiens, italiens, espagnols, brésiliens et argentins (Caccini, Mozart, Barbara, Purcell, Granados, Fauré, Luiz Bonfa…). L’association d’une voix de contre-ténor à une guitare acoustique est une proposition plutôt rare, mais qui montre ici toute sa pertinence : le mariage est parfait !
Deux musiciens au diapason
J’ai beaucoup aimé les nombreux temps explicatifs qui ont accompagné le concert. Sans être verbeux, ils ont à tour de rôle expliqué comment ils se sont rencontrés et surtout comment mutuellement ils se sont invités dans le répertoire et la culture de l’autre. Philippe Jaroussky et Thibaut Garcia se font diseurs incomparables, attentifs à la moindre inflexion des textes abordés, en une véritable fusion du verbe et des notes.
« L’album [À sa guitare] se veut un voyage entre différentes cultures, différents continents et différentes langues, où chaque pièce représente un monde en soi. »
Philippe Jaroussky
De Mozart à Barbara et la Route 66
Moi qui ai l’habitude de n’entendre que du classique dans les concerts de ce genre, j’ai été particulièrement enchanté de voir que les deux artistes n’avaient aucun bémol pour convoquer Barbara (Septembre) et Vladimir Kosma (Les Feuilles mortes). On entend alors dans ces chansons l’héritage entre la musique dite “classique” et les airs “populaires”. Parfaitement dans l’état d’esprit de culture déconfiture, n’est-ce pas ?
« Jongler entre la musique de la Renaissance et une chanson de Barbara nous permet de convoquer des atmosphères extrêmement diverses. Notre mission était de jouer avec une vaste palette de couleurs pour produire quelque chose d’unique. »
Thibaut Garcia
L’une des surprises du concert a été aussi d’entendre I’m calling you, le sublime morceau rendu célèbre par le film Bagdad Café en 1987. Je n’aurais jamais pensé entendre cette chanson un jour en concert, encore moins interprétée par un contre-ténor ! Un vrai moment de grâce !
Les deux musiciens n’en sont qu’au début de leur tournée, peut-être trouverez-vous une date près de chez vous pour aller les découvrir.
Philippe Jaroussky et Thibaut Garcia, un programme enchanteur
Encore une fois, les Grands Interprètes nous ont permis d’assister à une soirée à la hauteur de nos espérances. Je vous laisse apprécier le riche programme du concert, dont vous pouvez également retrouver les morceaux sur l’album À sa guitare :
POULENC : A sa guitare
GIORDANI : Caro mio ben
CACCINI : Chi desia di saper
DOWLAND : In darkness let me dwell / Come again
PURCELL : When I am laid (Dido’s lamento)
MOZART : Abendempfindung, K.523
PAISIELLO : Nel cor più non mi sento
ROSSINI : Di tanti palpiti (Tancredi)
RODRIGUEZ : la Cumparsita (guitare solo)
GRANADOS : El mirar de la maja
SCHUBERT : Erlkönig, opus 1, D.328
POULENC : Sarabande (guitare solo)
FAURE : Au bord de l’eau opus 8/1 – Nocturne opus 43/2
BARBARA : Septembre
GARCIA LORCA : Anda Jaleo
BONFA : Manhã de Carnaval
REIS : Xodo da Baiana el mirar de la maja (guitare solo)
RAMIREZ : Alfonsina y el mar
BRITTEN : Il est quelqu’un sur terre
Si vous avez des amis mélomanes dans votre entourage, l’album À sa guitare est un cadeau tout trouvé !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
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J’aurais adoré y aller! je n’étais pas dispo, malheureusement!