Encore un soir pour découvrir l’étonnant spectacle Please Please Please au Théâtre Garonne. Ce spectacle entre la danse et le théâtre est le fruit de la collaboration entre deux danseuses – la Française Mathilde Monnier et l’Espagnole La Ribot – et un dramaturge et metteur en scène – le Portugais Tiago Rodrigues.
Please Please Please : ne rien vouloir, c’est pouvoir
Ce spectacle est comme un triptyque. Dans leurs combinaisons irisées comme les carapaces de deux scarabées, les danseuses se tortillent d’abord, ondulent, remuent frénétiquement… Puis vient le temps des monologues, où chacune à tour de rôle raconte un récit, un second, un troisième. D’une serveuse rescapée d’Hiroshima à une ethnologue qui a tenté de raconter l’histoire de sa civilisation à une tribu inconnue du reste du monde, ces récits parlent se solitude mais aussi de transmission et de conflits générationnels sur un rythme effreiné. Vient enfin le temps du dialogue, au cours duquel une mère et son enfant nouvellement né partagent leur regard sur l’existence.
J’écris une lettre à mon père
Enfin
Je trouve le courage de lui dire ce que je pense
Pour lui dire que j’ai toujours été en désaccord avec ce qu’il m’a appris
Pour lui dire que le monde dans lequel il vit
N’est pas celui dans lequel je veux vivre
J’écris :
Ce que tu appelles le futur
C’est tout ce que je veux combattre
Et vice-versa
Ce qui est normal pour toi
Sera pour moi une fantaisie
Et vice-versa
Tout ce qui t’enchante
Me laissera indifférente
Et tout ce qui te laissera indifférent
M’enchantera
Ce que tu appelles le confort
Sera pour moi l’inconfort
Ce qui est pour toi l’innoncence
Sera pour moi la culpabilité
Ce qui pour toi n’a aucune conséquence
Pourra creuser ma tombe
Tiago Rodrigues, Please Please Please
Un spectacle-OVNI qui intrigue
Comme souvent les spectacles de danse contemporaine, celui-ci interroge. Aux premiers abords, on se demande ce que l’on est en train de voir, ce que l’on est en train de nous raconter. Mais peu à peu, des thématiques se dessinent : celle d’un dialogue entre les générations, celle d’un monde qui se réinvente perpétuellement, celle – surtout – des histoires que l’on se transmet jamais parfaitement mais qui continuent d’exister les unes dans les autres comme des poupées gigognes.
J’avais beaucoup aimé El baile de Mathilde Monnier il y a quelques années et elle continue de me captiver et de se réinventer aujourd’hui.
C’est le dernier soir pour aller applaudir au Théâtre Garonne aujourd’hui à Toulouse, et c’est à 20h30.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.