Hier soir, j’étais au Théâtre du Grand Rond à Toulouse pour voir Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, mis en scène par Claire de Beaumont. Le spectacle a déjà été joué de nombreuses fois en appartements (pour des représentations privées entre amis) mais il s’agissait d’une première dans un théâtre traditionnel.
Pour ceux qui n’ont jamais lu ou vu cette comédie, en voici le sujet : un homme rend visite à un autre homme. Ils sont amis depuis très longtemps. Mais si le premier rend aujourd’hui visite au second c’est qu’ils se sont éloignés, brouillés peut-être par quelque chose qui a distendu leur amitié de sorte que, si rien n’arrive, ils cesseront de se voir. La question que le visiteur se pose et pose à son ami c’est « pourquoi ? ». L’autre sait. C’est lui qui a pris de la distance mais il refuse de parler…
C’est l’un des chefs d’œuvre de la grande Nathalie Sarraute.
Indéniablement, ce texte nous parle. Nous avons toutes et tous perdu un ami sans trop savoir pourquoi. La vie et le temps faisant leur œuvre, on s’éloigne et un jour, sans s’en rendre compte, cette personne est sortie du cercle de ceux que l’on appelle ami-e-s. Quand on fait ce constat, il est souvent trop tard pour y remédier. On accuse le temps ou la vie mais en y regardant de plus près il y a toujours une petite raison. Un truc, une phrase, un mot, une attitude qui, imperceptiblement, fendille la relation et qui, quelques temps plus tard, se traduit en fêlure. Pour un oui pour un non explore cet endroit si particulier, si intime. C’est merveilleusement écrit, triste, drôle et délicieusement joué.
Pour mémoire, Nathalie Sarraute est née Natalia (Natacha) Tcherniak à Ivanovo, en Russie, le 18 juillet 1900, et est décédée à Paris le 19 octobre 1999. C’est une écrivaine majeure du 20ème siècle dont la plume délicate a ausculté son siècle. C’est la première fois que ses mots raisonnent au Grand Rond.
Le spectacle reste à l’affiche toute la semaine et est à voir tous les soirs à 21h jusqu’au samedi 6 février 2016.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.