Mons est une ville wallonne de moins de cent mille habitants qui mérite le détour en 2015, et pour cause : elle est Capitale européenne de la culture ! Située à 60 kilomètres au sud-ouest de Bruxelles et 240 kilomètres au nord-est de Paris, vous n’avez aucune raison de ne pas aller y faire un saut si vous vivez dans la partie septentrionale de la France ou si vous êtes Belge !
Pour le programme des activités de cet automne, voici un petit un petit lien susceptible de vous intéresser : http://www.mons2015.eu/fr.
A Culture déconfiture, nous avons fait le voyage le 28 juin dernier pour voir le spectacle de Wajdi Mouawad : Le dernier jour de sa vie. Un véritable marathon dramatique puisque le metteur en scène a présenté ce jour-là les sept tragédies de Sophocle qui sont parvenues à traverser les vingt-six siècles qui nous séparent de leur écriture. Wajdi Mouawad les a regroupées en trois ensembles thématiques et non chronologiques (Les femmes : Les Trachiniennes, Antigone et Electre ; Les héros : Œdipe Roi et Ajax ; Les mourants : Philoctète et Œdipe à Colone). Début du spectacle à 5h30 ; issue de la dernière tragédie à 1h du matin. Bon courage !
En dépit de la crainte que pouvait susciter un tel programme (vais-je tenir le coup ? ne vais-je pas trouver le temps long ? pourrai-je réellement voir l’intégralité du spectacle ?), la journée est passée très vite et j’étais presque étonné à la tombée de la nuit de me dire « Déjà ! ». Et puis pour décomplexer la salle, le metteur en scène en personne était là au début du spectacle pour rappeler que le sommeil faisait aussi partie de l’expérience, alors de ne pas résister si l’on était tenté parfois de piquer du nez (un espace sieste avait même été aménagé à l’extérieur de la salle). En ce qui me concerne, ce conseil n’a pas été utile, je n’ai eu aucune envie de dormir en voyant ces mythes se matérialiser sous mes yeux et en écoutant cette traduction si poétique du texte grec.
Des sept tragédies, Œdipe Roi est certainement celle que j’ai préférée. Je l’avais déjà vue à Namur en 2014, mais si elle était remontée, je la reverrais une troisième fois avec un immense plaisir ! Outre la distribution incroyable, ce qui était particulièrement beau dans cette pièce, c’est le travail des chœurs : un mélange exceptionnel d’interprétation rock par Igor Quezada et de chant lyrique par Jerôme Billy ! Le tout dans une traduction du texte antique par le poète Robert Davreux. On touche au sublime ! Si vous avez déjà entendu l’album Chœurs (paru aux éditions Actes Sud) sur lequel Bertrand Cantat interprète les chants du cycle des Femmes, vous comprenez certainement de quoi je parle (mais il vous manquera toujours la partie lyrique). Pour les autres, on file sur une plate-forme de musique en ligne et on ouvre grand ses esgourdes !
Je ne pourrai malheureusement pas vous recommander d’aller voir le spectacle car il n’y avait que deux représentations uniques… mais écrire un petit article sur ce marathon était surtout l’occasion de vous parler de mon metteur en scène et dramaturge fétiche, Wajdi Mouawad, dont j’essaie de suivre toutes les créations depuis dix ans (depuis que j’ai vu Incendies le 22 mars 2005 au TNT de Toulouse) et de vous inviter à suivre à votre tour son travail.
Si vous souhaitez prendre le train en marche et découvrir un peu mieux l’univers de cet artiste, les librairies regorgent de ses pièces et de ses romans qui, j’en suis sûr, vous bouleverseront. Et sachez qu’il continue en ce moment d’écrire un cycle de pièces intitulé Domestique sur la question de la famille. Si Seuls et Sœurs ont déjà été créées (Sœurs est actuellement en tournée dans toute la France), de nouvelles pièces devraient voir le jour dans les années à venir (Frères, Père et Mère). Et qui sait, peut-être y aura-t-il un nouveau marathon pour clôturer ce cycle ? Je ne sais pas où vous serez quand ce jour viendra, mais si vous me cherchez le moment venu, je serai certainement au théâtre !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.