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Quichotte, actuellement au Sorano

by Julien
Quichotte Gwenael Morin Jeanne Balibar

Adapter Don Quichotte au théâtre, c’est s’attaquer à un monument. On sait que certains ont tenté l’expérience au cinéma et s’y sont cassé les dents… Gwenaël Morin relève le défi avec une mise en scène épurée, brute et dynamique. Fidèle à son style, il met l’accent sur le jeu d’acteur et l’énergie collective, transformant l’espace scénique en un terrain de jeu où l’imaginaire prend le pas sur le réalisme. Actuellement au Théâtre Sorano à Toulouse, je suis allé découvrir ce spectacle dans lequel Jeanne Balibar joue le rôle principal.

Quichotte : entre audace et frustration

Un spectacle adapté du roman de 1605 ? Je dois dire que j’étais sceptique, il s’agit quand même d’un roman de deux fois 600 pages… je me demandais comment Gwenaël Morin allait transposer tant d’aventures en 2 heures sur le plateau du théâtre et avec seulement quatre acteur·ice·s. La solution était pourtant simple : il n’a adapté que les deux premières sorties de Don Quichotte, c’est-à-dire les dix premiers chapitres du tome I.

Bien que le titre de la pièce mette l’accent sur le fameux hidalgo de la Manche, le narrateur prend dans ce spectacle autant de place que le personnage. Si vous avez lu le roman de Cervantès, vous savez que cela fait partie de son style. Marie-Noëlle donne corps à cette voix narratrice avec beaucoup de talent.

En un village de la Manche, du nom duquel je ne veux me souvenir, demeurait, il n’y a pas longtemps, un gentilhomme de ceux qui ont lance au râtelier, targe antique, roussin maigre et lévrier bon coureur.

Miguel de Cervantès, Don Quichotte I, chapitre premier (trad. César Oudin revue par Jean Cassou)
Jeanne Balibar est Don Quichotte (mise en scène de Gwenaël Morin) © Christophe Raynaud de Lage

On retrouve bien la folie douce du chevalier à la triste figure et les moments de burlesque et de poésie sont là, et pourtant… quelque chose manque. Est-ce l’émotion qui vacille sous l’exubérance ? Le rythme qui parfois étouffe la mélancolie du héros ? Après avoir été conquis par Le Songe l’an dernier (adapté de la comédie de Shakespeare), on attendait peut-être un frisson comparable, un supplément d’âme qui n’est pas tout à fait au rendez-vous.

Une adaptation qui a du panache… mais pas l’effet d’un coup de lance

Malgré tout, Quichotte reste une belle tentative de rendre hommage au chef-d’œuvre de Cervantès. Les comédiens donnent tout, le spectacle déborde d’inventivité, et le spectateur embarque dans cette quête insensée. Mais quand on chérit le roman, on espérait sans doute être emporté aussi follement que Don Quichotte chargeant ses moulins. Or, cette fois, la lance n’a pas tout à fait atteint sa cible.


Le spectacle reste à l’affiche jusqu’au 22 mars au Sorano et il reste quelques places. Je ne saurais trop vous conseiller d’aller vous faire votre propre avis !

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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