Lors de ces dernières vacances, j’ai eu l’occasion de faire étape deux jours à Rennes. Deux jours, cela suffit amplement pour faire le tour de son centre-ville et de voir les principaux monuments. J’en ai également profité pour découvrir deux expositions : l’une au Musée des Beaux-arts et l’autre au couvent des Jacobins. Les deux expos fonctionnaient comme un diptyque puisque la première était sur le thème de la couleur crue tandis que la deuxième était entièrement en noir et blanc.
Rennes au-delà de la couleur
Le couvent des Jacobins accueillait une partie de la collection Pinault, des œuvres choisies pour leur teinte car elles étaient toutes en noir et/ou blanc.
Moi qui suis assez frileux quand il s’agit d’œuvres contemporaines, je dois dire que j’ai été totalement emballé par cette exposition ! Le visiteur fait son entrée sous le regard d’un vautour, une sculpture hyperréaliste de Sun Yuan et Peng Yu. Magistral, le charognard (baptisé Waiting) surplombe le premier corridor et donne le ton de l’expo avec ses plumes blanches et noires. Au début, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’un animal naturalisé tant le réalisme est troublant.
Viennent ensuite des œuvres monochromes blanches ou noires. Le buste tellement kitsch de Jeff ans Ilona signé Jeff Koons rappelle immédiatement la pureté de la sculpture en marbre classique, tandis que dans le cloître deux monolithes noirs, les Threshold Menhirs, créent une présence plus brute et renouent avec la préhistoire.
Plusieurs œuvres m’ont totalement laissé de marbre (c’est le cas de le dire) dès qu’elles n’étaient pas figuratives… Désolé, mais je reste totalement hermétique à des toiles totalement peintes en blanc, des panneaux de polystyrène extrudé, ou des lettres grossièrement dessinées sur du papier.
En revanche, toute la partie sur la photographie était captivante. Une partie de l’exposition est consacrée à la grande photographe Annie Leibovitz qui a immortalisé des artistes de cabaret dans deux situations : en couleurs avec leur costume de scène et en noir et blanc pour un portrait intime. C’est incroyable à quel point l’absence de couleur donne de la profondeur aux sujets. C’est comme si les photos couleur capturaient la surface alors que les photos noir et blanc parvenaient à capter la force intérieure des modèles. La démonstration est très troublante.
Henri-Cartier Bresson, Raymond Depardon et Man Ray ont également voix au chapitre dans cette exposition qui présente leurs plus beaux clichés.
En sortant, il ne fallait évidemment pas manquer (mais c’était impossible) la statue monumentale et totalement noire d’Adel Abdessemed intitulée Coup de tête, reproduisant l’une des images les plus vues et les moins glorieuses de l’histoire du sport de ces dernières décennies : le coup de boule de Zinédine Zidane à Marco Materazzi.
Rennes en couleurs tout l’été
La couleur crue était une exposition proposée en écho au Musée des Beaux arts. Il était possible d’y voir d’autres œuvres contemporaines sélectionnées cette fois-ci sur le thème de la couleur. Je ne vais pas trop épiloguer, car j’ai trouvé que presque toutes les œuvres présentées étaient épouvantables et honteuses. Des artistes autoproclamés qui ont vidé des seaux de peinture sur les murs, des bâches ou des souches de bois, moi j’appelle ça du foutage de gueule… Sans compter le Cabinet de curiosité dans lequel on est invité à pénétrer en fin d’exposition : une soi-disant expérience immersive dans la couleur, la fumée et le parfum de l’eucalyptus… ni plus ni moins qu’une salle vide érigée en œuvre d’art. Quelle fumisterie !
La seule œuvre que je sauverais d’un éventuel autodafé est la Bibliothèque des bois de la région de Steigerwald (par Herman De Vries), 24 livres en bois sculptés dans une essence différente. Belle réflexion sur la littérature et la bibliothèque idéale, non ?
Un son et lumière magique sur le Parlement de Bretagne à Rennes
Pour compléter cette réflexion estivale que Rennes a proposé sur la couleur, il ne fallait pas manquer le son et lumière sur la façade du Parlement de Bretagne, un magnifique spectacle qui rappelle notamment celui qui est fait chaque été sur la Place Stanislas à Nancy.
Et vous, vous êtes plutôt couleur ou noir et blanc ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
On retrouve bien ton amour de l’art contemporain ^^ Je suis très séduite par l’œuvre de Herman de Vries en tout cas !