Au revoir là-haut d’Albert Dupontel est sorti sur nos écrans cette semaine. Le roman de Pierre Lemaître (auréolé du Goncourt en 2013) avait emballé Charlotte, comme elle le racontait dans sa chronique en 2016. Son adaptation filmique remporte-t-elle les mêmes suffrages ? Pour le savoir, nous sommes allés voir le métrage de Dupontel.
En résumé : Le 9 novembre 1918, dans les tranchées deux jours avant l’Armistice, deux soldats se lient d’amitié : Edouard et Albert. Pour eux, le retour à la vie civile après quatre années de guerre est un véritable calvaire. Pour se venger de l’ingratitude de l’Etat, les deux amis vont lier leurs destins et monter ensemble une arnaque aux monuments aux morts rocambolesque afin de se jouer du patriotisme hypocrite de la France.
Mon avis : Albert Dupontel signe pour la première fois un film historique. On reconnaît néanmoins sa patte, dans le traitement souvent grotesque et radical de ses personnages qui se répartissent en trois catégories : les crétins finis, les anges déchus et les véritables salauds.
Esthétiquement, le film oscille entre Gatsby le Magnifique (reconstitution fantaisiste du Lutetia de toute beauté) et Un long dimanche de fiançailles (la France sépia du début du vingtième siècle), mais avec le ton mordant et le cynisme en plus ! La première scène du film, au cœur du champ de bataille, reconstitue un assaut d’une rare violence comme si vous y étiez. La mise en scène est stupéfiante et vous fait entrer d’emblée dans le vif du sujet.
Mais la mise en scène n’est pas la seule force du film. Son casting est exceptionnel. Laurent Lafitte et Niels Arestrup, dans les rôles des salauds, excellent comme à leur habitude. Mais c’est surtout Nahuel Pérez Biscayart (révélé en France dans 120 battements par minute) qui nous a éblouis avec le personnage d’Edouard, véritable gueule cassée, dont les émotions et les pensées ne passent que par les yeux, le reste du visage toujours dissimulé derrière des masques plus magnifiques les uns que les autres qui évoquent aussi bien Cocteau qu’Egon Schiele, Duchamp et Brancusi.
Dupontel semble donc avoir entièrement relevé le pari avec cette adaptation fort attendue. Après le succès de Neuf mois ferme, il confirme qu’il est un grand réalisateur, aussi talentueux derrière que devant la caméra !
Et vous, qu’avez-vous pensé d’Au revoir là-haut ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
3 comments
Holala, le fameux ! Moi qui ne suis pas cinéphile, il faudrait que je le vois un jour, j’ai tellement tellement aimé le livre… Tu l’as lu toi du coup ?
Non, je ne l’ai pas lu, alors je ne me risque pas dans la comparaison. D’après ce que j’avais lu dans ta critique l’an dernier, ça ne m’a pas l’air fondamentalement différent. Je pense que ce qui peut surprendre le plus, c’est l’esthétique très forte dans le film qui est forcément différente de celle que tu auras imaginée en lisant le roman. Ca m’a fait penser à du JP Jeunet par bien des aspects.
J’avais lu “Robe de marié”, mais pour le coup rien à voir 🙂
très beau film a voir ,bons acteurs, assez émouvant , le regard d’Edouard jusqu’à la fin nous donne le frisson Albert Dupontel réalise un film sensible et poétique